CYMBALES ZILDJIAN KEROPE

Cymbales Zildjian Kerope

kerope-zildjianEnfin !

Depuis le temps qu’on les attendait, ces véritables clones des vieilles K Zildjian des sixties ont finalement vu le jour sous la direction de Paul Francis, aidé de quelques grands drummers dont Zach Danziger. Elles ont un nom, les Kerope, avec un grand K.

Il fallait qu’elles sortent à ce moment-là, précisément à une époque où les batteurs semblent réaliser que ce type de cymbales peut vraiment convenir à tout un tas de contextes. Du moment que l’on souhaite une sonorité assez généreuse, des fréquences réparties dans un spectre assez large, des Rides assez fines pour être jouées en Crash, des 18’’ et 19’’ assez équilibrées pour se jouer en Ride et des Hi Hats à la fois gras et puissants que l’on pourra doser avec l’olive, le corps de la baguette ou avec un pied apte à sortir un splash allant de gracieux à carrément sonore… De l’avis de certains, elles seraient sorties avant, les batteurs n’auraient pas été prêts. Cela veut-il dire que Zildjian (et Paul Francis) auraient pu, auraient su les produire avant ? Sans doute, car le savoir faire n’a pas changé, il s’est juste adapté au marché. Sauf que les concepteurs ne sont pas seuls et qu’il faut le plus souvent une demande grandissante pour ce type d’instruments, de la part des batteurs, mais aussi parfois, des revendeurs, comme nous l’a précisé Paul Francis. Après Peter Erskine et sa Left Side Ride (assez sèche et normalement conçue pour être jouée à gauche), Bill Stewart et le succès de la Complex Ride (assez difficile à jouer ou à placer dans un set), Kenny Washington et sa Bounce Ride (très orientée Be Bop), Adam Nussbaum et sa Renaissance Ride (le signe d’un renouveau à venir ?) et quelques très beaux modèles isolés (dont une superbe K Custom Dark Ride récemment sortie), voici donc les Kerope qui semblent désormais trôner au-dessus de la production, tel un fleuron manquant que Paul Francis et Zach Danziger n’étaient pas peu fiers de nous présenter au NAMM puis à Francfort. Des cymbales pour les vrais amateurs, avec enfin une vraie réponse à la demande des amoureux des vieilles K Zildjian Istanbul, mais également pour tous les batteurs souhaitant ce genre de son. Pour plusieurs raisons, il fallait que cela vienne de Zildjian elle-même, c’est le cas aujourd’hui et la magie opère à plus d’un titre.

Des détails qui tuent
Qu’est-ce qui nous pousse à dire que ces cymbales s’approchent comme deux gouttes d’eau des meilleures vieilles K des années 60 ? Leur couleur, pour commencer, évoque manifestement la fameuse patine appréciée des connaisseurs. La forme pas trop bombée du corps mais assez recourbée vers les bords a été soigneusement analysée pour à la fois générer des graves dans le halo et des aigus récupérés par cette courbe prenant forme sur le pourtour. L’aspect de la cloche n’est pas anodin non plus. Assez large et un peu aplatie, favorise elle aussi les fréquences graves, évitant une note aigue souvent perçue comme désagréable au sein d’un orchestre acoustique. Cette cloche a en outre été martelée et peu ciselée, et surtout elle est assez fine, fait extrêmement rare dans la production artisanale actuelle ou les fabricants semblent craindre la casse. Peut-être les cloches habituelles subissent-elles l’effet de moules que les fabricants n’ont pas désiré modifier pour une série. Toujours est-il que les cloches des Kerope sortent vraiment du lot. Enfin, pour les vrais connaisseurs, désormais, il ne s’agit pas de diamètres 20’’ ou 22’’ précis au mm près, mais (comme sur les vieilles cymbales) de diamètres légèrement plus grands ou plus petits, comme pour rendre hommage à l’expertise des connaisseurs qui se retrouvent ainsi sollicités dans un domaine qu’ils affectionnent. Ainsi, la 22’’ testée fait 55,5cm (au lieu de 56cm indiqués) et la 20’’ fait 52cm (pour 51cm indiqués). Et pour enfoncer le clou, le poids de chaque cymbale est annoté en dessous, un dernier signe qui s’adresse directement aux passionnés qui connaissent le poids « idéal » de chaque diamètre. Il existe en effet des critères bien précis autour de ces fameuses vieilles K Zildjian Istanbul devenues légendaires et force est de constater que Paul Francis, qui martèle lui-même chaque cymbale en fin de course afin de lui préciser son caractère et de lui donner une personnalité encore plus unique, a réellement tout fait pour que Zildjian se réapproprie la paternité de ces instruments d’exception. Le fait que les « vraies » se vendent des fortunes d’occasion sur divers sites est d’ailleurs pour lui une excellente chose car elles sont désormais considérées comme des antiquités qui témoignent du savoir faire de la marque.

Hats, Rides et Crashs
La série comprend principalement des Rides, des Crashs et des Hats. Pas de China, ni de Splashs, ce n’est pas vraiment dans la tradition de ce type de cymbales. Les diamètres, eux aussi, ont été pensés par rapport à ce qui s’arrache à prix d’or sur le net depuis des années, à savoir des Crashs Rides de 18’’, 19’’, 20’’ et 22’’ et des Hats de 14’’ et 15’’. Précisons l’intelligence du concept de départ qui sépare les Hats et propose potentiellement d’acheter le Top ou le Bottom à part (ce que Zildjian détaille sur son site), de façon à mélanger deux Tops de 900 et 950gr par exemple, mais on comprendra que l’importateur n’offre pas cette possibilité qui l’aurait obligé à stocker des cymbales isolées, avec le risque de se retrouver avec pas mal de 14’’ou de 15’’ sur les bras. Nous l’avons dit, chaque cymbale est bien entendu totalement unique, plus encore que pour d’autres séries artisanales, en grande partie grâce à la touche finale apportée par Paul Francis (lui aussi batteur et extrêmement connaisseur) et l’accent a été porté sur la possibilité de les jouer avec des baguettes fines ou assez épaisses, sans qu’elles s’emballent sous l’olive. C’est l’une des caractéristiques étonnantes des Kerope qui donnent, quel que soit le type de baguette utilisée, la même générosité et le même équilibre sans perdre le ping. Lorsque j’ai découvert cette série aux côtés de Paul Francis et Zach Danziger, j’ai fait le test avec une baguette Bopworks fine, dotée d’un col fin, puis avec une 5B (Zach Danziger a également pris ces deux mêmes baguettes), et pour chacun de nous, le résultat n’a laissé aucune ambiguïté avec un équilibre parfaitement stable et musical quel que soit le poids ou la nuance jouée. Sur ce plan là également, ces cymbales se montrent réellement exceptionnelles.

Cristallines, dark et polyvalentes
C’est vrai, certaines se montrent un peu plus dark que d’autres, mais elles ont toutes en commun un ping beaucoup plus cristallin que celui d’autres cymbales réputées pour être sombres et crashables. Avec cette forme à la fois aplatie et bombée décrite plus haut, un repoussage de métal très étudié (avec un sillon un peu « ondulé » et pas régulier, comme pour les originales) et ce martelage personnalisé (on voit clairement les coups rajoutés pour finaliser la cymbale), Zildjian tient là une recette pour le moins unique. C’est justement ce qui les classe dans une catégorie plus polyvalente, car là où certaines galettes très Dark vont séduire les amateurs de sonorité assez grave qui se plaindront que le ping ne ressorte pas dans le mix d’un groupe électrique, d’autres modèles plus aigus et moins complexes se montreront plus versatiles sans contenter pour autant les fans de finesse et de Crash Rides. Malgré l’importante gamme de cymbales chez Zildjian, il manquait ce modèle à la fois risqué et destiné à contenter les amateurs de rock vintage ou indé, de blues ou rhythm & blues, de jazz moderne ou traditionnel et pourquoi pas (en témoigne Zach Danziger) d’électro ou de hip hop. Du moment que l’on ne cherche pas une cymbale très dure (que la puissance de certains groupes ou la précision de certains patterns implique d’office), les Kerope peuvent assurer pour des dizaines de contextes. Les Hats testés en 14’’ (880gr et 1100gr) et en 15’’ (976gr et 1960gr) ont exactement le même type de caractère. Il est à la fois possible d’obtenir un résultat idéal pour du jazz (un agréable Ride sous l’olive pour une belle longueur de note et un wash chaud et défini à la fois), avec en un tour de main la possibilité de virer à un son plus Rock sur la tranche. On a vraiment l’impression que, selon la frappe du batteur ou les baguettes utilisées, elles restitueront toujours le maximum de leur potentiel qui semble, du coup, assez illimité. Les puristes de jazz auront la première impression d’avoir un bottom un peu lourd, mais selon la pédale, chacune des deux paires (surtout la 15’’ qui se montre plus généreuse et plus charnue, normal) demandera finalement moins d’effort pour obtenir, sans forcer, une fermeture plus proche du « chip » que du « tchick », exactement dans la veine d’un Art Blakey ou d’un Elvin Jones. Joués à la noire ou à la croche, on obtient immédiatement une teinte rock vintage (Ginger Baker, Mitch Mitchell…) ou qui évoque l’approche de Tony Williams. La 18’’ (1364gr) est une vraie Crash/Ride avec une tendance assez fine et très martelée. Paul Francis a sans aucun doute voulu accentuer son caractère explosif en rajoutant des coups de marteau très visibles, dont certains assez gros qui ont ramolli le métal et favorisé les graves et un caractère trashy qui sait néanmoins se tenir sous une olive experte. On retrouve exactement la couleur chère à Tony Williams qui affectionnait particulièrement ce diamètre à sa gauche. La Ride 22’’ (2458gr) vient appuyer cette couleur sonore tant il est évident que la fameuse Nefertiti Ride a dû inspirer Zach Danziger et Paul Francis. Je peux témoigner qu’elle s’approche de très près de ma meilleure 22’’, une ancienne Ride des années 1950 estimée à un prix déraisonnable, avec plus de puissance (la Kerope fait 160gr de plus) et un côté un peu moins sec, mais exactement le même timbre de note et le même type de cloche un peu « vidée ». C’est sans aucun doute une cymbale d’exception que le futur heureux possesseur pourra faire vieillir en profitant de ce mélange incroyable de netteté du ping et de halo généreux qui ne demande qu’à exploser sous le col de la baguette, pour reprendre de façon immuable son rôle de Ride émis par une olive qui rebondit sans effort sur ce métal par trop mou. Passons à la 20’’ (1908g) qui donne plus dans le Elvin Jones (malin le Paul, il sait décidément ce qui plaît selon les diamètres) avec une longueur de note exceptionnelle, un halo chaud mais pas trop grave, une cloche très intégrée dans le son et un très beau crash. Elle pourra se placer à gauche (avec une 22’’ à droite pour les droitiers) ou en Ride principale car elle possède vraiment toutes les qualités d’une excellente 20’’ avec un ping doux mais bien présent qui, là encore, ne se perd pas quelle que soit la nuance ou le diamètre de la baguette. Etonnant, ce résultat abouti à ce point alors que les batteurs attendaient en pensant ne jamais voir venir ce type de Ride revenir, d’où la flambée des prix du vintage. Vu la fidélité de ces « copies » proposées à un prix finalement assez raisonnable, il y a fort à parier que certaines vieilles cymbales vont désormais avoir du mal à se vendre. On finit avec la 19’’ (1620gr), un diamètre que je qualifierais d’un peu plus pop/rock, même si de nombreux jazzmen pourront la jouer en Ride principale ou en Crash/Ride. Elle s’avère un peu moins exceptionnelle que les autres, un peu plus neutre sans doute, mais tout aussi équilibrée et précise dans le Ride et dotée d’un crash large et généreux.
Pour résumer, ces cymbales s’inscrivent exactement dans la veine de ce que jouait Tony Williams vers la fin de la période avec Miles Davis, à l’époque où il commença à sérieusement mélanger, jazz, rock et funk, avec des nuances sonores qui passent aussi bien dans un contexte acoustique  qu’électrique. La 20’’ et la 19’’ correspondent plus à une esthétique Elvin Jones ou Mitch Mitchell (Lenny Kravitz, Matt Chamberlain, Joey Waronker…), c’est selon, mais l’éventail d’utilisation s’avère vraiment très large tant c’est le batteur qui modèle le son plutôt que de subir une sonorité formatée. On pourra craquer pour un set complet ou inclure une Crash, une Ride ou des Hats à un set existant, mais attention à l’addiction, car même à ce prix-là, on peut vite se laisser happer par la beauté du son. •


Prix Indicatifs TTC :
• Hi Hat 14’’ : 528 €
• Hi Hat 15’’ : 565 €
• Crash 18’’ : 397 €
• Crash 19’’ : 438 €
• Ride 20’’ : 468 €


DISTRIBUTION :
www.laboitenoiredumusicien.com


Mise en page 1 • Une vraie renaissance des vieilles Zildjian, avec un K comme Kerope Zildjian
• Des cymbales vraiment uniques et singulières
• La dernière touche de caractère martelée par Mr Paul Francis en personne
• Des cloches assez douces et très intégrées
• Des détails destinés aux connaisseurs et une sonorité réservée  à tous
Mise en page 1 • Le tarif d’un set reste très onéreux, même si c’est le prix de l’excellence