CC LUDWIG COPPER PHONIC

Caisse claire Ludwig Copper Phonic

Brillante sur tous les plans

Issue de la série Copper Phonic, cette caisse claire en cuivre ni martelée ni traitée pour rester mate révèle un caractère à la fois élégant et agressif. Une vraie perle “made in Ludwig”.

Lors de chaque test de la marque et en particulier pour les caisses claires haut de gamme, on se demande comment Ludwig se risque à rester aussi fidèle à sa production. Dans ce haut du panier, la marque légendaire continue de fabriquer aux USA et présente régulièrement des nouveautés, mais globalement, certains modèles n’ont pas bougé d’un poil depuis plus de 30 ans ! Avec un marché en constante évolution, une concurrence de plus en plus serrée et des modes qui changent tous les 5 ans, il faut vraiment oser ! Mais à tous ceux qui se posent la question, quitte à passer pour des réacs, on aurait envie de répondre que la caisse claire, c’est un peu Ludwig qui l’a inventée. Même si en réalité Asba était l’un des premiers fabricants à proposer un fût en métal sans joint, Ludwig suivait de près, avec des chanfreins nettement plus aboutis et une sonorité réellement unique. On revient donc toujours à la même conclusion, à savoir qu’il serait complètement dingue de changer une recette aussi efficace et aboutie. Changez la recette du gâteau basque, de la tarte tropézienne ou des madeleines de Commercy et vous obtenez un truc différent, mais les connaisseurs vous diront qu’il manque un truc… LE truc qui a fait que la recette est restée inchangée parfois depuis des centaines d’années. Ludwig, c’est un peu ça ! Un fût, deux cercles emboutis (ici, les moulés sont en option), 20 tirants, un déclencheur tout simple, deux peaux, et le choix entre deux types de coquilles. On assemble tout ça et ça sonne de façon incroyable. Pourquoi ? Sans doute parce que c’est simple, justement, et aussi parce que la recette a fait ses preuves dans tous les styles et sous toutes les baguettes. Et ça, c’est difficile à battre (façon de parler) ! Là où le fabricant est très fort, c’est qu’il lui suffit d’introduire un nouveau métal, ou de traiter ce métal d’une certaine façon, et il présente un instrument doté de tout le savoir- faire de la marque, avec une voix spécifique. Pour ces modèles en cuivre pur, Ludwig met en avant son expérience acquise depuis plus de 100 ans dans le domaine des timbales, et ces fûts fabriqués à la perfection délivrent bel et bien toute l’essence spécifique de ce métal.

Un fût impeccable
En réalité, même si le procédé a mis du temps à être réellement au point, de nos jours, il n’est pas si difficile de produire un fût en métal sans joint (seamless), et comme évoqué plus haut, Ludwig a très tôt recourbé ses chanfreins et déformé le fût en son milieu, avec ce bourrelet (« bead » en anglais) qui évite toute déformation du métal tout en ajoutant de la masse à l’ensemble du fût. Chaque métal ou alliage se montre bien entendu plus ou moins malléable, et le fabricant opte à chaque fois pour l’épaisseur idéale, avec ici 1,2mm pour ce cuivre brillant, qui possède des propriétés différentes (plus résonnantes) que le fût laissé brut (Raw Copper), testé l’an dernier dans ces pages. Le caractère brillant de cette caisse claire (le cuivre est plaqué avec du chromium) est moins « unique » sur un plan esthétique que la Raw Copper, mais, comme un saxophone neuf, elle donnera également un son plus contrôlé, avec plus de fréquences aiguës.

Un hardware simplissime
Le hardware de ces caisses claires made in USA n’a pas changé non plus, avec deux options assez opposées pour les coquilles. Les ‘Tube Lugs’’, minimalistes et aérées, à la fois très anciennes (elles datent des années 1930) et intemporelles, ou les ‘’Imperial Lugs’’, très stylées Art Déco elles aussi. Dans les deux cas, l’élégance est de mise, avec un badge similaire à celui du début des années 1960. Les cercles emboutis de cette série font 2,3mm d’épaisseur, et ceux qui ne trouvent pas ça assez conséquent pourront commander des cercles moulés. Le déclencheur P85 reçoit de notre part toujours le même commentaire…
On l’aime pour son classicisme tellement lié à l’histoire de la marque, et d’un autre côté, on constate qu’il faut parfois le changer. Mais lorsqu’il fonctionne, il est parfait, avec une simple butt plate à l’opposé, sans possibilité de régler la tension du timbre des deux côtés. Simple, mais efficace.

Une identité propre

Honnêtement, à l’aveugle, il nous serait difficile de différencier une Black Beauty (fût en laiton chromé) ou une Brass martelée d’une Copper, voire même une Acrolite en alu d’une Raw Copper ou d’une LM 400 (alu chromé)… Mais lorsque l’on joue cette Copper Phonic, et que l’on a dans l’oreille chacune de ces caisses claires, on peut tout de même comparer et apprécier les nuances sonores qu’elle offre. Tout aussi honnêtement, des différences, il y en a, et ces instruments nous font justement jouer radicalement différemment. On aura envie d’une certaine frappe, d’un certain type de groove, et on pourra aussi avoir tendance à les accorder d’une façon qui révèle le meilleur du métal. Une Acrolite détendue, ça peut marcher, mais c’est avec les peaux bien tendues et un timbre plaqué qu’elle donne le résultat le plus abouti. En ce qui concerne cette Copper, elle révèle de belles surprises quel que soit l’accordage. Pour être plus précis, la peau de frappe tendue donne un résultat assez « crispy » en pleine peau, et un son magnifique en rimshot, plein, puissant et riche, avec des harmoniques permettant de bien différencier le métal du bois, sans qu’elles prennent trop de place pour autant. Un must pour jouer Fusion, Funk puissant ou très Rock, avec des ghost notes bien présentes entre les coups forts et ce superbe rimshot extrêmement facile à jouer. En pleine peau, nous avons adoré l’accord intermédiaire qui met en valeur une note très chaude pour du métal, et une résonance beaucoup plus contrôlée que la « Raw » issue du même alliage. Le son est très beau, sans aucune bavure, avec une tonalité qui semble déjà équalisée. Le dernier réglage reçoit également tous nos suffrages, en pleine peau et en rimshot. Toujours très propre, sans trop d’harmoniques, avec une étonnante facilité à encaisser les graves pour cette profondeur de 5’’. On regretterait presque que la 8’’, qui existe en Raw Copper, ne soit pas éditée en Copper plaqué, mais les adeptes de fréquences graves et d’un peu plus de puissance opteront pour la 6,5’’, qui doit dépoter avec ce type de réglage.

Pour résumer, ce qui ressort d’un banc d’essai d’une caisse claire Ludwig haut de gamme, c’est l’équilibre incroyable ressenti à chaque réglage et la précision révélée, malgré la simplicité évoquée. C’est sans aucun doute la conception du fût ainsi déformé en son milieu et ces chanfreins recourbés (qui offrent pas mal de surface de contact avec les peaux), qui donnent ce résultat aussi abouti. Evidemment, certains modèles concurrents seront plus agressifs, plus lourds ou puissants, voire moins chers… Mais force est de constater que Ludwig a encore réussi à placer la barre très haut avec cette Copper Phonic, qui répondra aux attentes d’adeptes d’un son plus propre que la Raw, aussi aiguë qu’une Supra Phonic, avec autant de punch qu’une Black Beauty (Brass plaqué), en alliant ce son de « bell » chaleureuse qui rappelle les fûts en bronze et un peu de mordant et de crispy des modèles Brass… Cette petite (ou sa grande sœur en 6,5’’) possède un peu de toutes ces qualités-là, avec un look bien à elle, très pur et brillant à la fois. Pas étonnant qu’il faille compter plus de 1 000 euros pour ce type d’instrument. C’est le prix de toutes les qualités énumérées dans ce banc d’essai. Des défauts ? D’après nous, sur le plan sonore ou esthétique, il n’y en a aucun ! •


Prix Indicatif TTC : Copper Phonic 5’’ : 1 309 €


DISTRIBUTION : SAICO SA


Mise en page 1 • Un classicisme assumé et une recette inégalée
• Un fût complémentaire qui manquait chez Ludwig
• Des rimshots superbes en version tendue
• De très beaux graves avec un accordage détendu
• Un fût brillant sans être bling bling

 

Mise en page 1 • Le déclencheur P85 a toujours tendance à montrer des faiblesses après 10 ans d’utilisation