CHAD SMITH

Chad Smith

© Marc Rouvé
© Marc Rouvé

Chaud devant !
Batteur Magazine 194 / Juillet/Août 2009
Chad Smith a su se faire une place privilégiée dans le cœur du public. Les fans de Red Hot Chili Peppers, mais aussi la communauté des batteurs. Musicalité et bon goût, technique efficace, puissance sont les ingrédients qui ont permis à Chad de s’imposer comme un champion de la fusion des genres qui caractérise Red Hot Chili Peppers. Chad nous parle de son nouveau bébé, pas Cole (le fils que sa femme Nancy lui a donné pendant l’élaboration de « Stadium Arcadium »), mais les jumeaux « Pluton » et « Mars » qui forment ce double album. Le batteur en profite pour revenir sur d’autres séances mémorables – et moins connues – de sa carrière.

Au sommet de la gloire, avec plus de 50 millions d’albums de Red Hot Chili Peppers vendus, Chad Smith sait rester humble. Ce batteur est l’antithèse de la rock star blasée. C’est un homme simple et accessible. Le genre de copain qu’on rêve tous d’avoir et avec qui les retrouvailles font toujours chaud au cœur. Rendez-vous a été pris dans le hall du luxueux Hôtel George V au lendemain d’un concert intime donné à la Cigale, à Paris, pour marquer la sortie du très attendu double album « Stadium Arcadium ». Notre homme s’est fait un nouveau look : crâne rasé (comme pour faire oublier la tignasse grisonnante et le début de calvitie). Mais le quadragénaire, avec son regard bleu perçant, n’a rien perdu de son allure d’éternel enfant malicieux. Et dans la vie comme derrière sa batterie, il est animé par un enthousiasme contagieux. Après une solide embrassade qui vous décole du sol (dans une autre vie, Chad aurait pu être basketteur avec ses 6 pieds et quelques), il s’installe dans un confortable canapé pour nous parler de ce nouvel album que lui aussi attend avec impatience, car, ironie du sort, l’objet convoité ne sera livré par la maison de disque que le jour même.

logo-red-hot

Hier, quelques privilégiés ont eu la primeur de quelques extraits du nouveau répertoire de Red Hot Chili Peppers. Comment avez-vous procédé pour la réalisation de ces nouveaux morceaux ?
A notre façon habituelle, en travaillant ensemble, de manière démocratique, les instruments à la main, dans notre studio de répétition. De nombreuses chansons sont nées au cours d’improvisations. John (Frusciante) et Flea partaient sur une ligne de guitare ou de basse, Anthony et moi-même nous greffions sur leurs riffs. C’est une manière très naturelle de travailler pour nous. Dès que nous nous retrouvons ensemble, nous sommes animés par une grande énergie créatrice. Et j’ai remarqué qu’avec le temps, nous sommes devenus bien meilleurs qu’avant pour créer ainsi, à partir d’une jam. Il nous arrive d’improviser tout en élaborant déjà la structure d’une future chanson, ou du moins en nous approchant d’une structure. On a mûri, on est de bien meilleurs compositeurs qu’avant. Et puis on se connaît tellement bien que le courant passe tout de suite dès qu’on se met à jouer ensemble, ça roule très naturellement.

Ce qui explique que vous sortiez un double album, pas moins de 28 chansons, tellement ça roulait pour vous !
En réalité, nous en avons enregistré 38 au total, de quoi sortir trois albums, ce qui fut envisagé. Après réflexion, nous avons décidé de sortir un double album, les dix chansons restantes sortiront prochainement sur un autre album, un peu comme un recueil de faces B. On a passé neuf mois en studio, on ne pensait pas être aussi productif. Mais l’inspiration était là, alors à quoi bon se priver. Je pense que c’est le disque qui illustre le mieux ce que l’on est capable de faire, en tant que groupe, avec les diverses influences qui nous animent.

Toutes les facettes du groupe sont en effet présentes : rock, funk, rap, réminiscences 70’s. Le groupe a bien évolué, il est parvenu à une grande maturité. Et en ce qui te concerne, ton jeu a atteint un niveau de perfection dans la sobriété et l’efficacité.
J’espère avoir mûri avec le groupe. Tout bon artiste qui se respecte doit évoluer, changer parfois. C’est difficile de parler de moi-même, mais je pense que j’ai joué de manière à ce que les autres se sentent bien, puissent s’exprimer au mieux. Je n’ai pas cherché à forcer les choses, à m’imposer, à me mettre en avant. J’ai simplifié mon jeu : sec et puissant, mais aussi clair et précis, sans être froid. Mon but, c’est d’être comme Ringo Starr. Il n’y a pas une chanson des Beatles qui ne sonne pas bien. Si j’arrive un jour à ce stade-là, j’aurai fait mon boulot.


Mon but, c’est d’être comme Ringo Starr. Il n’y a pas une chanson des Beatles qui ne sonne pas bien.


Ta relation avec Flea, un bassiste d’exception, doit rendre les choses très excitantes ?
Oui, mais il ne faut pas oublier John (Frusciante) ! Tous les trois, on joue avec beaucoup de cohésion. Rythmiquement, nous sommes exactement sur la même longueur d’onde.

Vous avez travaillé cette cohésion ?
Pas du tout, c’est totalement naturel. On n’en parle même pas. C’est carrément télépathique entre nous.

Cela n’empêche pas les erreurs. Hier, j’ai remarqué un gros pain à la fin d’une chanson !
(Rires) Ah ! ne m’en parle pas ! C’était de ma faute. Je me plante rarement, mais là c’était énorme. Je ne suis qu’un batteur, je n’ai pas à me soucier des accords, des notes. Je démarre, je marque un break, je dois seulement me soucier du groove et de la structure. Là, j’ai complètement merdé après le solo de John, je me suis arrêté tout net. Les autres ont continué sans moi en me lançant un regard méchant. Mais bon, ça peut arriver à tout le monde de faire des erreurs, surtout sur des nouvelles chansons que nous ne maîtrisons pas encore bien. Ce concert était le quatrième avec ces nouvelles chansons. Et sur 21st Century, ce n’était pas brillant non plus, Anthony (Kiedis) me faisait des signes pour aborder le pont, moi j’étais plongé dans mon groove, je ne le regardais même pas. Lorsque j’ai écouté la bande du concert ce matin, je l’ai entendu m’engueuler. Que veux-tu, ça fait partie du jeu live !

Ton jeu est toujours aussi puissant, mais il s’est épuré. Même si tu continues à faire le show en jonglant avec tes baguettes, on dirait que tu vas davantage à l’essentiel. Tu as également simplifié ton kit depuis quelques années…
Ma batterie reflète ma manière de jouer et correspond à ce que j’ai à jouer. Curieusement, avoir moins d’éléments me force à être plus créatif. Mon rôle est de construire une structure solide pour supporter les autres membres du groupe. Une grosse caisse, une caisse claire et un charlé sont largement suffisants pour ça, il suffit de savoir bien contrôler les dynamiques et d’être musical.

En studio, tu utilises la même configuration ?
Oui, exactement la même batterie. Je dispose seulement de quelques caisses claires supplémentaires pour varier les sonorités selon les chansons. Mais ma caisse claire principale reste une Pearl (Sensitone en cuivre). Je change la peau de frappe très souvent, quasiment pour chaque nouveau titre. Il m’arrive aussi de changer de cymbales en studio, mais rien de très important. J’ai par exemple essayé les Sabian Paragon (ndrl : modèles conçus pour Neil Peart, le batteur de Rush).

Ta carrière ne se limite pas aux Red Hot Chili Peppers. Sans devenir un requin de studio, ton CV s’allonge d’année en année pour ce qui concerne les séances prestigieuses.
Ça reste modeste, mais il s’agit de choses très différentes des RHCP, des séances très variées musicalement. Par exemple, j’ai joué récemment avec les Dixie Chicks, un groupe féminin de country music. Leur album est produit par Rick Rubin (ndrl : producteur de nombreux albums de RHCP, dont le dernier « Stadium Arcadium » et le célébrissime « BloodSugar-SexMagik »).

J’ai l’impression que c’est souvent Rick Rubin qui t’engage pour te proposer ces drôles de séances…
Oui, c’est grâce à lui que j’ai joué avec Johnny Cash.

Raconte-moi les séances de cet album (ndrl : « Unearthed », paru en 2003).
C’était incroyable. Rick Rubin m’appelle à 6 heures de l’après-midi : « Chad, tu es libre ce soir ? Viens faire un tour au studio Ocean Way, j’ai une séance à te faire faire avec Johnny Cash. » C’est un des grands moments de ma vie. J’étais un petit peu nerveux à l’idée d’accompagner ce personnage, mais dès que je l’ai rencontré dans le studio, il m’a mis à l’aise. Il était dans une cabine isolée, devant son micro. Je suis rentré, je me suis présenté, il m’a salué en disant de sa voix profonde : « Bonjour, je suis Johnny Cash, comment ça va ? ». Un type charmant, humble et d’une grande douceur. C’était son premier album pour le label American Recordings. Il avait déjà fini plusieurs chansons, juste sa voix et sa guitare. Rick lui a suggéré d’enregistrer d’autres titres avec un groupe, et c’est pour cette raison qu’il m’a appelé, ainsi que Flea et Mike Campbell du groupe de Tom Petty. Johnny Cash m’a fait écouter différentes chansons qu’il voulait enregistrer. Pour chacune d’elle il racontait une petite anecdote, après quoi il prenait sa guitare et me la jouait. J’ai eu droit à mon petit concert privé de Johnny Cash ! Je suis vraiment honoré d’avoir travaillé avec un artiste de cette trempe.

Tout aussi surprenante est ta collaboration avec John Fogerty sur l’album « Blue Moon Swamp » (1997) ?
J’ai joué sur une chanson, Walking in a Hurricane. Hé ! John Fogerty c’est Creedence ! (Clearwater Revival). Qu’ajouter à cela ? Ça fait partie des grands classiques. John Fogerty est un musicien très méticuleux, capable de jouer de tous les instruments, y compris de la batterie. Il passe d’ailleurs beaucoup de temps à accorder la batterie lorsqu’il est en studio. Il te fait jouer le morceau un nombre incalculable de fois. Et il fait jouer le même morceau par une flopé de batteurs, en l’occurrence, pour cet album, Vinnie Colaiuta, Kenny Aronoff, Chester Thompson….  Après, il choisit la piste qui sonne le mieux pour lui. C’est un perfectionniste. Je me souviens qu’après la dix-septième prise d’un groove des plus basiques, sans le moindre break, il a lâché d’un air comblé : « Je pourrais faire ça toute le journée ». Et Bob Glaub, le bassiste avec qui je faisais la séance, a dit en aparté : « Toi oui, mais pas moi ! » (rires). John m’a expliqué pourquoi il travaillait comme ça : pour compenser le fait que nous n’avions pas eu l’occasion de jouer ensemble depuis longtemps. En somme, il voulait que ça sonne comme un vrai groupe qui s’est tapé de nombreuses répétitions avant d’aller en studio. Ça se défend, mais c’est plutôt difficile de garder toute sa fraîcheur dans son jeu après la dix-septième prise !


Mon but, tout au long de la réalisation de cet album, a été de trouver le bon tempo et le bon groove pour soutenir les parties vocales d’Anthony. Toute notre musique repose sur le chant.


C’est peut-être plus facile pour un « vrai » batteur de studio. Toi, tu es avant tout considéré comme le batteur de RHCP, pas un mercenaire des sessions.
Oui, et c’est pour cette raison qu’il m’a engagé, parce qu’il avait écouté nos disques, et il voulait que je sonne comme moi-même. La chanson est sortie en single, l’album a été nominé disque de l’année, ce fut une expérience difficile mais gratifiante.

J’imagine qu’avec Wayne Kramer, pour son album « Dangerous Madness », les choses ont été différentes ?
C’est dingue, j’ai eu la chance inouïe d’enregistrer avec les héros de mon enfance ! (ndrl : Wayne Kramer est le fondateur de MC5, groupe mythique de la scène de Detroit, ville dont est originaire Chad Smith). Lorsque j’ai commencé à jouer de la batterie, MC5 n’était plus là, mais j’écoutais leur musique, elle m’a influencé. Pour cet album, Wayne m’a invité à jouer sur Dead Movie Stars, une chanson où on a en fait beaucoup jammé et sur laquelle il a fait une sorte de rap. Je n’aurais jamais imaginé me retrouver sur l’album d’un membre de MC5, quelle chance !

Avec quel artiste ou groupe aurais-tu rêvé de jouer ?
Led Zeppelin ! Tu sais, la musique du début des années 70 n’a jamais été égalée.

Tu viens de terminer un album avec un musicien  de cette glorieuse génération : Glenn Hugues (bassiste de Deep Purple Mark III).
C’est le deuxième album que je fais avec lui. Pour le premier, « Songs In The Key Of Rock », la connexion avec Glenn s’était faite par l’intermédiaire de Wayne Blanchard, qui travaille chez Sabian. Wayne est un grand fan de Glenn Hugues et il l’avait invité au NAMM Show en 2003 pour une des fameuses soirées que Sabian organise à cette occasion. Nous nous sommes rencontrés, nous avons joué ensemble et nous avons sympathisé. Il m’a ensuite invité sur son disque. Il a même effacé les pistes de batterie jouées par un autre batteur pour mettre les miennes, j’étais un peu gêné, mais bon, c’était son disque. Et récemment, pour son nouvel album, « Music For The Divine », il m’a demandé un coup de main, carrément de le produire. Nous avons donc réalisé son disque chez moi.

Tu as un studio chez toi, à Hollywood ?
Non, on a travaillé dans ma maison, qui s’est transformée pendant quelque temps en studio d’enregistrement.

C’est ta femme qui a dû être contente ! « Chérie, devine qui vient squatter le salon ce soir ? »…
Non, elle a été très coopérative. Elle adore avoir du monde à la maison, préparer le dîner pour les invités et tout et tout. Les enfants venaient jouer au milieu du salon où on avait installé tout le matériel… C’était super, on s’est bien marré ! John Frusciante était de la partie. On enregistrait la journée, pour ne pas déranger les voisins. Glenn est un excellent musicien, j’aime son côté rock et son côté soul. Et c’est un chanteur extraordinaire. Je n’aurai malheureusement pas le temps de jouer ces chansons live avec lui du fait de la tournée des RHCP.

Quelle est ton approche pour jouer des reprises ?
Je pense qu’il ne faut pas simplement reprendre une chanson, mais être capable de la recréer, c’est du moins l’attitude à avoir avec un groupe, et c’est ce que nous avons fait avec Red Hot Chili Peppers les rares fois où nous avons interprété des chansons d’autres artistes. C’est un exercice difficile, car on a du mal à toucher à ce que l’on adore ou à ce qui nous inspire. Mais je pense qu’avec Red Hot Chili Peppers on y est parvenu, par exemple avec Higher Ground de Stevie Wonder. Et le groupe est aussi capable de reprendre à sa manière un titre des Ramones (ndrl : ce qu’ils feront quelques jours plus tard sur le plateau de Taratata).

Sur « Stadium Arcadium », quel est le titre qui t’a demandé le plus de travail ?
Je n’ai pas le souvenir de morceau particulièrement insurmontable. Nous étions très bien préparés avant de rentrer en studio, ce qui est indispensable pour réussir un album. Dani California, que nous avons choisi comme single, a sûrement demandé pas mal d’attention. J’ai essayé différentes choses avant de parvenir au groove idéal. Mon but, tout au long de la réalisation de cet album, a été de trouver le bon tempo et le bon groove pour soutenir les parties vocales d’Anthony. Toute notre musique repose sur le chant.

Tu as un faible pour une chanson de ce nouveau répertoire ?
Question difficile. C’est comme me demander quel est le fils que je préfère. Mais par exemple, Hard To Concentrate m’a permis de jouer différemment. J’ai joué avec un son très mat, j’avais mis des serviettes sur la caisse claire et les toms pour étouffer complètement le son, un peu dans l’esprit de ce qu’a fait Bonham sur Ramble On. Et je suis très content d’une chanson comme Charlie, qui en plus sonne vraiment bien live, idem pour Tell Me Baby, et Hump De Bump, qui est très fun à jouer.

Mais ce n’est pas toi qui l’as joué hier ! Tu as laissé ta batterie à ton drum tech et Anthony Kiedis est même venu jouer du tom bass sur cette espèce de groove à la Meters, j’ai trouvé ça surprenant et très sympa.
Ça t’a plus ? Chris, mon drum tech, est un bon batteur. J’ai trouvé que ce serait sympa qu’il vienne jouer.

La prochaine étape est de répéter votre prochain show… et d’apprendre par cœur les nouvelles chansons ?
(Rires) Aïe ! Tu remues le couteau dans la plaie ! Mais je ne suis pas le seul à me planter tu sais. John peut aussi devenir complètement dingue quand il se plante. Hier, il m’a surpris en reprenant tout seul la chanson des Bee Gees (ndrl : le slow How Deep Is Your Love ?, de la BO Saturday Night Fever), qui n’était absolument pas prévue, et dont il a foiré la fin. John écoute toutes sortes de musiques. A Londres, il y a quelques jours, il est parti sur une chanson de Simon and Garfunkel, il est imprévisible. C’est quelqu’un de réservé comparé à Anthony, qui parle peu au public, mais c’est un musicien incroyable et qui a beaucoup d’humour. Le public l’adore pour ça.

Il a une super attitude sur scène, un côté casse-cou complètement jubilatoire, et il fonce dès la première note.
Oui, hier, le premier morceau était une pure impro, un jam à la power trio qui nous a servi pour faire notre balance. On venait d’écouter Hendrix l’après-midi, ça nous a sûrement inspirés.

Hendrix, Led Zeppelin, Deep Purple… Tu sembles nos-talgique de cette époque.
C’est dingue la quantité d’excellente musique qui a été créée au début des années 1970. J’étais encore enfant durant cette glorieuse période, mais ça fait partie de mon héritage, de ma culture et de ma formation musicale. Et je me dis que je suis un sacré veinard de jouer aujourd’hui dans Red Hot Chili Peppers, un vrai groupe qui a dépassé le cap de vingt ans de carrière et où il règne un super esprit, qui me donne la possibilité de vivre en faisant ce que j’aime par dessus tout : jouer de la batterie dans un groupe de rock.
Alors que l’interview touche à sa fin, le représentant anglais de Warner Bros.  intervient pour donner à Chad « Stadium Arcadium », que le batteur n’a pas encore eu le bonheur de voir. Je découvre le double album avec Chad. Très ému, il effeuille le précieux objet de son emballage de cellophane, sort méticuleusement le livret du digipack et tient avec beaucoup de fierté dans ses mains tremblantes les deux petites planètes de polycarbonate gorgées de musique : « Jupiter » et « Mars ». « Qu’il est beau ! Enfin je le vois, magnifique ! C’est comme un bébé. Je suis un homme comblé ! » •