Ce mois-ci, Batteur Magazine a consacré un dossier complet aux batteurs de studio.
C’est dans ce cadre que nous avons une petite pensée pour l’un des plus fameux batteurs de session des années 70/80, Cozy Powell, qui s’est illustré avec les plus grands, Jeff Beck, Rainbow, Robert Plant, MSG, Whitesnake, Gary Moore, Black Sabbath…
Gros frappeur au tempo imparable mais non dénué de groove, il peut être considéré comme l’un des pères fondateurs de la batterie « heavy metal » au même titre que Tommy Aldridge et Carmine Appice. On se souvient notamment de l’intro mythique de « Stargazer » de Rainbow avec ces combinaisons « mains/pieds » encore très largement usitées aujourd’hui dans le metal.
Graham Bonnet, du groupe Alcatrazz, s’était confié dans nos pages (#326, Octobre 2018) à propos du « phénomène Cozy » :
« Au début, je chantais dans des formations de rythm n’ blues, de pop ou orientés ballades. Mais un jour, on m’a proposé d’auditionner pour un groupe nommé Rainbow que je ne connaissais même pas. Et me voilà en un rien de temps à jouer le titre « Mistreated » avec Ritchie Blackmore et Cozy Powell. J’ai finalement été engagé pour enregistrer l’album Down To Earth (1979). Je connaissais déjà Cozy car j’adorais son single « Dance With The Devil » (1973) avec tous ces plans de double. J’étais en admiration devant son jeu de pieds. Aujourd’hui, les rythmes à base de double grosse caisse sont monnaie courante mais à l’époque, il était le seul à faire cela. Face à lui, J’avais le sentiment de m’engager dans un combat, devant pousser ma voix pour exister. Jamais je n’avais joué avec un groupe jouant aussi fort. Lorsque j’ai commencé dans les sixties, les sections rythmiques étaient très discrètes. Rien à voir avec ce vacarme de l’enfer ! C’est dans ce contexte que j’ai pu développer la puissance de ma voix. Cozy est rapidement devenu mon ami. Don Airey (Ex-claviériste d’Ozzy Osbourne, Deep Purple), lui et moi trainions toujours ensemble car nous avions exactement le même sens de l’humour. Il avait une très forte personnalité. Il pouvait être charmant comme absolument impitoyable. Tout dépendait de la situation et des personnes qu’il avait en face. Lorsque quelqu’un ne lui plaisait pas, il ne se gênait pas pour le montrer. Il était entier et d’une honnêteté extrême. Un jour, il avait été engagé par le chanteur Peter Green pour réaliser un documentaire sur ce dernier. Alors que Peter descendait de scène, il avait dit à Cozy :
– C’est cool, j’ai bien chanté ce soir !
Et Cozy de répondre :
– Tu rigoles, c’était affreux !
En tant que musicien, il est très pointilleux, ne supportant pas les erreurs. Il lui est même arrivé de me balancer ses baguettes en pleine figure (Rires). Il ne cessait de me pousser dans mes derniers retranchements :
– Allez Graham, tu dois chanter plus fort. Je veux t’entendre !
– OK Cozy, je vais le faire, pour toi !
Il était aussi très dur envers lui-même. Comme tout le monde, il avait des jours sans. Il lui arrivait de ne pas pouvoir mettre en boite proprement ses parties de batterie. Ça le rendait fou ! Alors il cogitait, se remettait en question tout en affirmant qu’il était un batteur de merde. Et le lendemain, il y arrivait haut la main. Personne n’est parfait, mais il était en constante recherche de perfection. Il est à mon sens un modèle de persévérance. Je me souviendrai toujours de ce coup de fil de Don m’informant de sa mort, le 5 avril 1998 (Ndlr : Notre batteur a été victime de sa passion pour la vitesse. Il est décédé des suites d’un terrible accident de voiture) :
– Notre pote est mort…
– Notre pote ? Mais quel pote ?
– Coz’…
– Mais ? Que veux-tu dire ?
– Il a été tué…
À ce moment-là, j’ai lâché le combiné du téléphone et j’ai regardé par la fenêtre. Il venait de pleuvoir et je pouvais distinctement voir deux arcs-en-ciel bien ancrés dans le sol. Et je me suis dit :
« Est-ce toi Cozy ? ».
Aujourd’hui, même s’il n’est plus là physiquement, je le considère toujours comme l’un de mes meilleurs amis. »
Cozy n’est plus mais son héritage subsiste. Nous ne saurions trop vous conseiller de jeter une oreille sur les perles suivantes :
Avec Rainbow :
– Rainbow Rising (1976)
– On Stage (1977)
– Long Live Rock ‘N’ Roll (1978)
Avec Black Sabbath :
– Headless Cross (1989)
– Tyr (1990)
Avec Graham Bonnet :
– Line Up (1981)
Avec le Michael Schenker Group :
– MSG (1981)
– One Night At Budokan (1981)
Avec Whitesnake :
– Saints & Sinners (1982)
– Slide It In (1984)
Avec Brian May :
– Back To The Light (1992)
– Live At The Brixton Academy (1994)
En solo :
Over the Top (1979)
Tilt (1981)
Octopuss (1983)
The Drums Are Back (1992)
RIP Cozy… (29 décembre 1947 – 5 avril 1998)
Article par Laurent Bendahan