MON BATTEUR ET MOI

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Mon batteur et moi : Colin Abrahall

Charged G.B.H est une légende du punk anglais formée en 1979, un gang des rues composé de durs prêts à en découdre avec quiconque. Aujourd’hui, Colin Abrahall, chanteur emblématique, s’est quelque peu assagi, en tout cas en apparence, le punk étant ancré en lui. Dès qu’il s’agit de musique, un seul mot d’ordre prime :  « Rester spontané et sans compromis. ». Voilà qui laisse présager un drumming sans fioritures…

COLIN ABRAHAM GBH

Depuis le début, vous pratiquez un punk extrêmement rapide. Pourquoi avoir pris cette direction ?
Ha ! Ha ! Tout est venu par accident. En dehors du fait que nous avons toujours aimé cette approche directe, je dois avouer que jouer vite et fort nous arrangeait plutôt bien, car c’était un bon moyen de masquer les erreurs.

Aujourd’hui encore, Scott Preece (batteur depuis 1994), ne lâche pas la pression. Tout ce qu’il entreprend est si frénétique ! Où puise-t-il cette énergie ?
C’est le public qui le guide. Je ne dis pas que c’est facile. Il lui arrive même d’en baver. Mais il aime ce qu’il fait. A partir de là, tout est possible.

Vous êtes connus comme l’une des grandes influences de Metallica et de la scène thrash en général. Y a-t-il selon vous une connexion entre le punk et le metal ?
A titre personnel je n’en vois aucune. Nous avons rencontré Metallica seulement une fois, à San Francisco, à leurs débuts. J’aimais bien leur énergie, mais ce n’était pas ma musique. De même, lorsqu’on m’a appris que Slayer avait repris notre morceau Sick Boy (sur l’album “Undisputed Attitude”, ndlr), je n’ai eu aucune réaction, bien que ce soit flatteur ! Je me sens complètement étranger à  cette scène. Je suis un punk. J’ai du mal à expliquer plus en détail mon état d’esprit, car c’est ma vie ! Je suis en plein dedans et je n’ai jamais cessé d’y être.

Le batteur de punk typique n’utilise jamais le charley ouvert, laissant les cymbales inférieures et supérieures très espacées. Scott joue d’une manière assez inhabituelle puisqu’il utilise énormément le pied gauche…
C’est très vrai ! Le fait est qu’il a beaucoup étudié la double grosse caisse. Mais un jour, Pinch (batteur de The Damned), lui a dit :  « Ok, la double c’est cool, mais n’oublie jamais de revenir au charley, car c’est lui qui garantie la pulsation ». Pinch avait sacrément raison, et Scott a toujours tenu compte de ce précieux conseil.

Y a-t-il une place pour la double pédale dans G.B.H ?
Pas vraiment… D’ailleurs en ce moment, Scott n’utilise qu’une simple pédale. Dans l’absolu, je dirais que la double peut être utile sur certaines parties, pour relancer le morceau, ou pour les fins ; mais dans tous les cas,  les rythmes de double en continu sont à proscrire ! Nous sommes attachés à une certaine dynamique, or ce type de plan pèche par son caractère uniforme et perd très vite en impact.

Malgré l’aspect simple de votre musique, on constate que Scott a quand même travaillé quelques paradiddles dans sa jeunesse …
Quelques paradi quoi ?!!

Oui tu sais, les différentes combinaisons de doigtés, très utilisées dans la musique militaire…
Ah, je vois ! Fuck the paradiddles ! G.B.H ne doit pas s’embarrasser de fioritures. Il lui arrive effectivement de faire quelques subtilités, mais il ne dévie jamais de l’idée première, rester au service de la chanson. Plus c’est direct, et mieux c’est !

Quels ont été vos critères lorsque vous avez eu à recruter un batteur ?
Nous n’avons jamais adopté de critères précis. Certains se sont retrouvés derrière les fûts parce qu’ils étaient des amis. D’autres ont joué avec nous car ils avaient la bonne « vibe ». Nous avons parfois fait notre choix en nous basant sur la réputation du gars, sans même organiser d’audition. Ce que je peux dire, c’est que nous n’avons jamais attaché d’importance à la technique. Tout s’est fait spontanément, à l’image de notre musique.

Vous ne semblez pas être des acharnés de la répétition…
Détrompe-toi, nous travaillons assidûment lors des phases de création. En revanche, nous ne répétons jamais les anciens morceaux. C’est une règle !

Que pourrais-tu dire sur Andrew Williams (1979-1986), Kai Reder (1986-1992) et Jo Montanaro (1992-1994) ?
Jo nous a malheureusement quittés. Paix à son âme… Nous sommes toujours amis avec  Andrew et Kai. Nous avons même jammé avec ce dernier lors d’un concert à Hambourg en décembre dernier.

Jo a joué sur “Church Of The Truly Warped” (1992), dont le son de caisse claire est surprenant. Peux-tu en parler…
Hum, tu fais référence à une erreur de jugement, ayant décidé pour je ne sais quelle raison de mélanger le son naturel de la caisse claire avec un sample. Plus jamais nous n’utiliserons de triggers !

De nos jours, l’électronique est pourtant partout…
Peut-être, mais ce n’est pas pour nous. Nous ne faisons pas de la musique de salon !

Tu ne conçois donc pas qu’un groupe de grind- core  comme Napalm Death ait choisi de trigger sa batterie à cause de l’extrême vitesse ?
A chacun son truc. Je les connais bien. Nous sommes de Birmingham comme eux, et ce sont de bons amis. Mais je me demande parfois si ce qu’ils font n’est pas « too much ».  Bah, tu sais, ce que je pense n’a pas d’importance. Ces gars prennent un réel plaisir à jouer ainsi, et c’est ce qui importe.

Quel est selon toi le meilleur moyen d’enregistrer la batterie ?
Le mieux est de procéder le plus simplement du monde, tous ensemble dans la même pièce. Cela n’est pas toujours possible, mais nous faisons au moins en sorte de capter la section basse/batterie en même temps. Moins nous passons de temps en studio et mieux c’est.

Vous arrive-t-il de corriger les erreurs via Pro Tools ?
Non ! Nous sommes contre son usage. Ce serait de la triche, voire du foutage de gueule vis-à-vis de nos fans. Je ne comprendrai jamais ces groupes et producteurs qui passent leur temps à scruter l’écran d’un ordinateur plutôt que d’apprendre à écouter en utilisant leurs oreilles… •