CD/DVD/LIVRES

 

MOTÖRHEAD
Clean Your Clock
UDR
CD / DVD
La sortie de ce live enregistré lors de deux dates à Munich les 20 et 21 novembre 2015 (soit un peu plus d’un mois avant la mort de Lemmy), a fait l’objet d’une vaste campagne marketing. Un seul mort d’ordre, la réhabilitation de Mr Kilmister, dont les annulations à répétition de tournées et autres concerts avortés le présentaient comme un musicien au bout du rouleau. Objectivement, nous dirons que la prestation de notre homme fut aussi bonne que possible, compte tenu de ses problèmes cardiaques et respiratoires, de son diabète et de ce fichu cancer de la prostate qui finira par l’achever. Nous ne pouvons que saluer ce guerrier de la route, courageux jusqu’au bout, qui à l’instar de Dalida était prêt à « mourir sur scène devant les projecteurs », plutôt que de prendre sagement sa retraite. Ce show est à l’image des prestations de ces cinq dernières années, à savoir un réajustement de tous les tempos sur les versions studio. En dehors de ce petit bémol, qui est un réel frein à la frénésie indispensable à ce genre de musique, cet ultime témoignage brille par un son énorme et un super jeu de lumières. Mikkey Dee reste ce batteur monstrueux par sa solidité, sa finesse et sa puissance : une vraie machine de guerre ! La set list fait la part belle aux classiques, de Bomber à Stay Clean en passant par No Class, Orgasmatron (morbide au possible) ou Overkill. Le seul passage insolite est ce retour aux racines avec Whorehouse Blues, voyant Lemmy se transformer en harmoniciste et Mikkey prendre des allures d’homme-orchestre, affublé d’un charley sur lequel est fixé un tambourin, d’une grosse caisse et d’une guitare sèche !
Difficile d’admettre que nous n’aurons plus jamais de concerts de Motörhead. Ainsi va la vie…
Laurent Bendahan
motorhead

 

 TRUONG CD Jean My Truong
The Secret World
Quart de Lune
Désormais leader assumé, Jean My Truong propose un troisième album, plus personnel encore que ses précédents. Un disque dans lequel il extrapole sa vision transcendante de la musique, avec la complicité de ses musiciens habituels : Leandro Aconcha (piano), Pascal Sarton (basse), Sylvain Gontard (trompette, bugle). Ce nouvel opus aux couleurs musicales très diversifiées est enrichi par la participation d’un quatuor à cordes, du percussionniste Balakumar, du violoniste Radhakrishna et du bassite Dominique Di Piazza, ces deux derniers étant des compagnons de route d’un des héros de Jean My Truong, le grand John McLaughlin. Le vocaliste Nicolas Calvet vient apporter une couleur inédite aux compositions de Jean My, pour qui la mélodie a toujours primé, qualité peu courante chez les batteurs-leaders. Sa fascination pour la musique indienne et ses séquences rythmiques complexes est évidente, aussi le « monde secret » de Jean My Truong est-il jalonné de thèmes fouillés, qui coulent cependant comme une eau vive.
Christophe Rossi

 

Lalo Zanelli & Ombu
Inmigrantes
Buda Musique/Socadisc
Pianiste, compositeur et arrangeur, vous avez probablement déjà entendu (voire écouté !) Lalo Zanelli, notamment aux côtés de Gotan Project, François Béranger, Minino Garay ou Tryo. Voici le nouvel enfant de son projet Ombu, groupe qu’il forme avec Bruno Bongarçon (guitare), Pablo Gignoli et Lysandre Donoso (bandonéon), Fabrizio Fenoglietto (contrebasse), et Javier Estrella (batterie et bombo). Pour ce magnifique album mêlant ses racines argentines avec une certaine vision de l’écriture, de l’improvisation et du groove, il a également invité Minino Garay (batterie), Leandro Guffani (sax), Catia Werneck (chant), Eddie Tomassi (percussions) et Julie Gros (violoncelle). Rendre facile et agréable à l’écoute une musique riche voire complexe tant rythmiquement que mélodiquement et harmoniquement, c’est l’un des points forts de cette splendide galette. Pour les Franciliens (ou les voyageurs), le concert de sortie d’album aura lieu le 28 septembre à Paris (Studio de l’Ermitage).
À visiter : www.lalozanelli.com
Thierry “Fantobasse“ Menu
 LOMBU

 

KISS
Kiss
Rocks Vegas
Eagle Rock Entertainment / Universal Music
CD / DVD
Ce concert du Baiser a été capté au Hard Rock Hotel & Casino de Las Vegas en novembre 2014, à l’occasion de la tournée marquant ses quarante ans de carrière. Au menu, un set de seize hits, avec tous les gimmicks ayant fait sa légende, mis en valeur par des lights et effets pyrotechniques à couper le souffle. Les moments forts sont sans conteste attribuables à Gene Simmons, démon de son état, à la voix toujours aussi profonde et malfaisante (I love It Loud, God Of Thunder, Parasite…), avec en clou du spectacle le solo de basse qui le voit cracher du sang et s’envoler dans les airs, tout comme en 1977 à la grande époque d’ “Alive II”. Magique ! Et Paul Stanley dans le lot ? Ce n’est un secret pour personne, son chant est celui qui a le plus mal vécu l’épreuve du temps. Il faut dire que notre homme, en parfait autodidacte, avait l’habitude de passer toutes les notes aigües en hurlant, technique dont il n’est  malheureusement plus capable. Alors il fait ce qu’il peut, en s’économisant, prenant soin de ne chanter que 20% des refrains, confiant ainsi la tâche à ses acolytes. Eric Singer abat en effet un énorme travail vocal en assurant les chœurs de la totalité des morceaux. Son drumming, quant à lui, est toujours aussi subtil, riche en fioritures, pour un maximum de groove. Du côté des bonus, nous avons droit à sept titres acoustiques (dont le très émotionnel Goin’ Blind), enregistrés dans le salon de l’hôtel à l’occasion du meet & greet réservé aux fans les plus fortunés. Enfin, ce live est décliné en cinq packages plus ou moins fournis suivant que vous êtes simples touristes ou complètement mordus. À savourer sans modération…
Laurent Bendahan

 

Visuel Sébastien Paindestre Trio Sébastien Paindestre Trio
Paris
La Fabrica’son Label/Musea
Après “Écoutez-moi“ (2005), “Parcours“ (2008) et “Live @ Duc des Lombards“, voici le quatrième album du trio que le pianiste et compositeur Sébastien Paindestre a fondé il y a une quinzaine d’années en compagnie des fidèles et talentueux Jean-Claude Oleksiak à la contrebasse et Antoine Paganotti à la batterie, ce dernier étant également complice de Sébastien dans l’Amnesiac Quartet qui revisite Radiohead. L’artiste susnommé (en un seul mot) signe les six thèmes originaux de cet hommage à notre capitale meurtrie, et livre des versions inspirées de “Scottish Folk Song“ (du saxophoniste Walt Weiskopf) qui ouvre l’album et “Nature’s son“ (de Lennon et McCartney). Les trois camarades de jeu (le contraire d’un trio laid), dont la cohésion et l’interaction servent au mieux la musique mélodique et swinguante du leader, sont rejoints par Nicolas Prost au sax soprano sur “Round Radiohead“ qui termine ce bel album.
À visiter : www.sebastienpaindestre.com
Thierry “Fantobasse“ Menu

 

Antoine Pierre
Urbex
(IGLOO Records/Socadisc)
Avant de découvrir ce premier album sous son nom, le public français avait pu entendre le tout jeune Antoine Pierre aux côtés du guitariste Philip Catherine, qu’il accompagne depuis l’âge de 18 ans (il en a aujourd’hui 22 !). De ces premiers contacts avec le jeune batteur belge, on garde le souvenir d’un drumming impeccable, d’une tenue déjà impressionnante de la part d’un musicien aussi précoce. En quelques années, Antoine a fait son chemin (Toots Thielemans Jazz Award en 2014, Sabam Jazz Award du jeune talent à Bruges en 2015…), s’illustrant notamment au sein du trio du saxophoniste Toine Thys ou avec le trompettiste Jean-Paul Estiévenart, que l’on retrouve avec plaisir au sein de l’octet réuni ici. Non content d’être un des meilleurs « jazz drummers » que la Belgique nous ait révélés ces dernières années, Antoine, qui vient de passer un an à New York pour approfondir son jeu, s’affirme avec « Urbex » (contraction de « Urban Exploration ») comme un compositeur talentueux, dont l’inspiration ne faiblit pas au long des 72 minutes de musique que déploie cet opus inaugural. Bravo ! (NB : en concert le 23/11 au Centre Wallonie-Bruxelles (Paris)/Festivals Be Jazz & Jazzycolors).
Max Robin
URBEX ANTOINE PIERRE

 

DVD + CD Gwendal Gwendal
Live in Getxo
Actos/Discmedi
Groupe celtique français légendaire aux influences multiples, Gwendal publie son deuxième Live en quarante-quatre ans d’existence, un concert fimé et enregistré le 5 septembre 2015 au festival folk de Getxo (pays basque espagnol). Gwendal aujourd’hui, c’est Youenn Le Berre (flûtes), Vincent Leutreau (violon), Jérôme Gueguen (claviers), Ludovic Mesnil (guitares), Michel Valy (basse) et David Rusaouen (batterie). Invités pour ce concert : Anxo Lorenzo (cornemuse), Xabi Aburruzaga (accordéon diatonique), Rubén Diez (flûte) Rubén Alba (cornemuse). Le DVD et le CD comportent la même liste de quinze titres instrumentaux anciens ou nouveaux (de “Irish jig“ à “Gave hot“ en passant par “Noces de granit“), où des mélodies aux consonances traditionnelles cohabitent en parfaite harmonie avec des climats et rythmiques plus actuels. Ce “Live in Getxo“ constitue un excellent témoignage de ce qu’est le groupe à ce jour, avec un son et une image à la hauteur de la musique. Un vrai bon concert filmé, sans fioritures ni falbalas, le seul bonus du DVD étant une galerie de photos. Pour se procurer ce bel objet (DVD + CD + livret couleurs de seize pages en français, anglais et espagnol) : http://discmedi.com/ca/
Thierry “Fantobasse“ Menu

 

Will Calhoun
Celebrating Elvin Jones
Membran/Must Have Jazz/Motéma
Will Calhoun s’est fait un nom avec le groupe de fusion Living Colour, mais ce batteur d’exception a son jardin secret : le jazz. Il s’était déjà acoquiné avec Jack DeJohnette sur l’album « Music For The Fifth World » (1992), le voici payant son dû à un autre de ses mentors, Elvin Jones.  Pour cet hommage, Will Calhoun a recruté des disciples du maître : le contrebassiste Christian McBride, le pianiste Carlos McKinney, le saxophoniste Antoine Roney (frère du trompettiste Wallace Roney) et le trompettiste Keyon Harrold. La majorité des titres sont des pépites du répertoire du groupe d’Elvin Jones, sa fameuse Jazz Machine, dont est gardé ici l’esprit et la forme, mettant ainsi en exergue le rôle de leader du monstre sacré de la batterie. Will Calhoun apporte évidemment sa touche, son audace et sa sonorité si particulière, notamment son jeu de cymbales, avec ses Sabian Signature et les Big and Ugly qu’il a adoptées, toutes nimbées d’un halo sombre. Will propose une seule composition (Sarmastah), balade toute emprunte de mysticisme et de sérénité. Pour la reprise de Destiny, il invite Jan Hammer, qui n’a rien perdu de la furia jazz rock qu’il exerçait au sein du Mahavishnu Orchestra (et avec Elvin et Gene Perla lors de la création de ce titre). Enfin, Will Calhoun, qui connaît l’histoire de la musique, remonte aux sources africaines avec le grand maître tambour sénégalais Doudou N’Diaye Rose venu avec sa famille de joueurs de sabar. Will Calhoun n’était qu’un adolescent lorsqu’il a vu pour la première fois jouer Elvin Jones, depuis, il rêve de ses polyrythmies et en lui brule un feu sacré.
Christophe Rossi
Will Calhoun_Celebrating-Elvin-Jones

 

Peter Puke Peter Puke & Supageisha
Gong Bang
Disponible sur www.sendthewoodmusic.com et iTunes
Julien Rousset aka Peter Puke est le batteur et chanteur de GNÔ, groupe de metal fun fondé par Christophe Godin il y a environ dix ans. Mais il officie aussi au sein du groupe pour enfants Les Papas Rigolos et d’une demi-douzaine d’autres formations. Il a mis à profit une relative période de calme pour s’enfermer en studio et enregistrer ses compositions avec son compère guitariste Lôrand Couvert et quelques invités tels que Christophe Godin (logique) et Fredrick Thordendal, guitariste de Messhuggah, pour un solo qui conclut l’album en beauté. Donc, vous vous en doutez, ça envoie du bois, à l’image du label indépendant qui distribue l’album, nommé Send The Wood Music (hé hé). Le résultat est tantôt metal (Welcome to My Show, I Love Myself, Magic Pills), tantôt électro-rock (My Ruin), tantôt funk rock (Deadly Firework), tantôt hard rock (To See You Smile), et on a même droit à un petit plaisir de batteur à l’occasion de The Beauty and The Blast Beast (bravo pour le titre !). Voilà donc un projet plein de bonne humeur, de bonnes compos et de gros son, mais qui, pour l’instant, va rester au stade d’album, en attendant peut-être un nouveau trou dans l’emploi du temps du leader. C’est pas grave, on va attendre !
Philippe Istria

 

Jacek Pelc (band)
On the Road
Tandem
Jacek Pelc, rencontré il y a bien des années lors de différents salons professionnels alors qu’il était le rédacteur en chef du magazine polonais Top Drummer (il officie désormais chez le concurrent Perkusista !), est un batteur et compositeur émérite : il le prouve avec cette nouvelle livraison baptisée “On the Road”. Pelc signe la quasi-totalité des compositions originales (6 sur 7), pour un magnifique voyage musical de près d’une heure aux confins du jazz, du latino et de la musique contemporaine (très abordable), enregistré le 4 novembre 2015 lors d’une captation live dans le village polonais de Cekcyn de son quartet (basse/batterie/piano/saxophone), le mixage ayant eu lieu il y a quelques mois au Canada, avec une paire d’oreilles toutes neuves, comme le décrit le musicien ! Jacek est un coloriste doublé d’un virtuose, qui sert une musique fine et précise, exigeante et raffinée, baroque et romantique, à l’instar de Gibraltar (qui ouvre l’album) et Three Bookings (qui le clôture de façon magistrale). Avec sa pochette période “guerre froide”, “On the road” (qui devait s’appeler initialement “Song Book”) apparaît comme un trait d’union idéal entre l’Europe émergeante et notre vieux continent, qui ne cesse de résister…
Philippe Légaré
rayon laser Jacek Pelc

 

TITOM Titom
Ken Ha Ken
Coop Breiz
Jean-Christophe Boccou, le multi-instrumentiste talentueux dont nous avions chroniqué le projet solo “Double Elvis”, nous revient en tant que batteur dans un contexte totalement différent. Avec Titom (qui signe ici son quatrième opus), nous nageons en pleine musique bretonne. “Ken Ha Ken” s’impose comme un disque mûrement pensé, en majeure partie instrumental, agencé pour un grand nombre d’instruments, mélangeant allègrement le folklore, le rock et le progressif (dans la lignée des plus grands noms tels que Tri Yann et Gwendal). Pas mal de titres, comme Cercle 72 Degré Sud, Globule Bleu ou Gavotten d’Ar Gêr, permettent à notre batteur de s’émanciper en faisant la part belle aux ambiances percussives (avec une large utilisation des toms durant les rythmes) et aux mesures composées, mais toujours avec bon goût, sans jamais dénaturer les mélodies. Un album “easy listening” qui ravira autant les techniciens avides de virtuosité que les simples amateurs de musique.
www.titom.fr
Laurent Bendahan

 

Jon Cohan
Star Sets
Hal Leonard
Ce bel ouvrage de 135 pages de grand format en langue anglaise, initialement édité en 1995, a depuis été réédité avec un habillage rigide et un carnet iconographique central enrichi. La présente édition retrace l’histoire de notre instrument chéri, des balbutiements de l’Early Jazz au Rock/Fusion des années 90, avec ses batteries outrancières. L’ADN en quelque sorte du drumkit est analysé et restitué, en passant au crible les configurations des drummers mythiques toutes époques confondues, tout en leur (re)donnant la parole sous forme d’interviews, pour certaines inédites. Ainsi Zutty Singleton, Sid Catlett, Dave Tough, Shelly Manne, Philly Joe Jones, Joe Morello, Clyde Stubblefield, Keith Moon, Tony Williams, Tim Alexander et tant d’autres (re)prennent vie sous nos yeux émerveillés, grâce à cette histoire “en marche” qui décortique le jeu de nos drummers par le biais de leur équipement, du courant musical, du contexte et de l’artiste supporté. Les photographies en noir et blanc insérées en sus du cahier couleur central déjà cité, sont d’une grande beauté. Signée Bill Bruford, la préface renforce le propos de ce livre garant d’un tempo parfait !
Philippe Légaré
Car Star sets

 

l'oeil et la plume Demétrius Locks Demétrius Locks
Excerpts of Maracatu
Fonomidia
Ce dvd pédagogique en langue portugaise (couleur de l’Euro de football oblige !), avec sous-titres en anglais, présente Demétrius Locks, un batteur brésilien (il n’y a donc pas que le football et la samba au Brésil !) expérimenté et talentueux, qui en 50 grooves, 4 solos et 7 exercices détaillés nous présente l’univers d’un rythme afro-latin : le Maracatu. D’ailleurs, l’introduction de ce support débute par un historique des origines du dit rythme (disséqué), ainsi que des instruments typiques utilisés. Mais là ou l’histoire se complique, c’est que ce dernier est appliqué à la… double pédale ! En effet, outre des influences fusion, Demétrius revendique une appartenance metal (il est d’ailleurs ami avec Aquiles Priester, qui m’a envoyé ce dvd !), et le mélange Maracatu/Blast Beat décoiffe ! Les adeptes des rudiments seront ravis, car l’auteur possède une très belle technique de caisse et applique le ra de 6, le frisé avec déplacements d’accents, le remplissage main gauche ou le right hand lead à des claves impaires de Maracatu aux pieds, pour un rendu sonore du plus bel effet. Des exercices d’interdépendance de très haute voltige, dans la veine d’un certain Virgil Donati !
Philippe Légaré