Prototypes Zildjian
Des Protos à Gogo
Avant de développer une série, le fabricant américain teste au sein de son Sound Lab des modèles qui se retrouvent sur le marché estampillés comme prototypes. De façon à présenter ces raretés, nous en avons testé et filmé une belle fournée.
Malgré une gamme déjà extrêmement riche, Zildjian ne cesse de tester de nouvelles façons de faire, la cymbale en elle-même restant une source inépuisable de créativité en terme de recherches. Une guitare classique, un piano ou une trompette, peuvent bien entendu varier de registre selon les cordes, la taille ou l’embouchure, mais la sonorité reste globalement similaire et ce sont surtout les sensations ressenties par le musicien qui produit le son qui vont changer. Pour une cymbale, son alliage, sa forme globale, celle de la cloche, l’épaisseur, le martelage, le repoussage du métal, et plus encore celui qui la façonne, puis celui ou celle qui la joue (comme d’autres instruments, elle continue de se « forger » durant des années), sont autant de paramètres qui vont donner des sonorités radicalement différentes, voire opposées. En terme de conception, les batteurs eux-mêmes sont souvent porteurs d’idées, de façons d’aborder ces galettes, et eux aussi inspirent Paul Francis, celui que certains appellent « The Wizard » (le magicien du Sound Lab Zildjian). Sur le stand du NAMM, il y avait d’ailleurs quelques batteurs qui s’extasiaient sur des 20’’ et 22’’ issues de la série K Symphonic, des cymbales logiquement vendues par deux et équipées de sangles pour être frappées en orchestre symphonique… Sauf que l’un deux jouait l’une de ces cymbales en Ride, en s’extasiant sur le côté à la fois épais et très complexe de cette cymbale, qu’il trouvait très proche de celles de Bill Stewart… Une belle démonstration sur la façon de détour- ner un produit ! Pour ce banc d’essai, qui introduit (nous l’espérons) d’autres à venir, de façon à mieux cerner ces “protos”, nous avons testé des Sweet Rides, Sweet Crashs et Sweet Hi Hats (dont une paire de 16’’ !), des K X Thin Crashs, des K Clusters et enfin une très belle et complexe K Constantinople. De quoi rêver que ces cymbales sortent en série…
Des K Clusters qui font peur
Un cluster, en langage musical anglais, c’est un accord joué sans fondamentale, dont les notes sont proches, ce qui crée forcément une tension harmonique (à l’inverse d’un accord parfait joué dans sa position fondamentale). L’un est très harmonieux, avec une basse, une tierce et une quinte, et l’autre interpelle l’oreille de façon beaucoup plus significative, et plus courte aussi, car ces accords « serrés » sont généralement joués et enchaînés de façon très rythmique. L’idée de ces Crashs baptisées “Cluster”, qui font partie de la famille des K, est donc plutôt de générer ce type de sonorité assez complexe, rapide, un peu tendue, voire agressive, tout en restant dans quelque chose de très musical. En tout cas, c’est l’effet que nous avons constaté, avec un plaisir non dissimulé de jouer ces Crashs en les frappant sans retenue. Cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas capables de nuances ! Au contraire, leur finesse leur confère cette capacité à réagir rapidement et même à être jouées assez soft, mais elles s’avèrent réellement éclatantes lorsqu’on les malmènent un peu. Au fil de notre vidéo, nous avons eu le plaisir de tester une K Cluster 16’’ de 948gr, une 17’’ de 1122gr, une 18’’ de 1272gr, une 19’’ de 1552gr et une 20’’ de 1784gr… De quoi donner à un set une bonne dose de nervosité, sans pour autant s’inscrire dans la cymbale d’effet. L’idée de Paul Francis a sans doute été de reprendre le concept de la Ride Bounce, salie et rendue plus explosive grâce à quelques coups de marteau qui déforment littéralement le métal. Ici, pour chacun de ces diamètres, ces marques ont une incidence assez importante et, sans transformer ces Crashs en China, cela teinte l’explosion, avec pas mal de complexité et un peu de Trash. La 16’’ révèle en outre un côté Paperthin très agréable, avec des nuances de frappe dues à la finesse du métal, et plus on monte jusqu’à la 20’’, plus on a une sensation de corps et de plénitude. Les cloches, toutes similaires et non ciselées, ajoutent à la complexité, à la définition de cette partie de la cymbale, et surtout à la rapidité du decrescendo qui suit l’explosion. De très beaux modèles pour qui souhaite un Crash à la fois beau et trashy, puissant et court, fin et complexe… Il y a de quoi faire !
Des Sweet enveloppantes et très polyvalentes
Nous avions testé ces prototypes lors de la soirée parisienne dédiée à Nicolas Viccaro et Ash Soan, puis à nouveau lors de La Bag Show (dès le matin, donc sans bruit !), et ces protos estampillés « K Sweet » nous avaient déjà interpellés. En ce qui concerne les Rides et les Hats, nous avions immédiatement noté une parenté évidente avec les Light de la série K Zildjian (les moins complexes des K), dont elles pourraient faire partie sans rougir et sans souci de redondance par rapport à ce qui existe déjà chez Zildjian. En réalité, après avoir testé une Crash 18’’, deux Rides 21’’ (une seule filmée, en 2552gr), une 23’’ (3062gr), des Hats 15’’ et 16’’, on a senti la douceur évoquée par ce nom, avec un peu plus de graves et de corps que pour les Light, et une note générale très enveloppante. La 21’’ et la 23’’ délivrent toutes les deux un ping très agréable, avec une cloche très facile à atteindre, qui révèle beaucoup de puissance avec pas mal de corps à la clé. On pourra les utiliser en Crash, mais ce n’est pas exactement le but, surtout pour la 23’’, un diamètre assez rare mais très appréciable. Les Hats 15’’ (Top 1172gr) et 16’’ (Top de 1336g) rassemblent les mêmes qualités, à savoir une polyvalence évidente due à la finesse relative du métal et juste assez de martelage pour gagner en chaleur, sans effrayer les adeptes de précision sous l’olive ou lors de la fermeture au pied. Pas mal de gras sur la tranche, une très belle semi-ouverture, une jolie longueur de note pour un pattern jazz à des tempos médium ou plus rapides, un « tchick » pas du tout baveux… Que du bon, pour jouer tout ce qui demande pas mal de générosité (on est tout de même dans des gros diamètres) et une précision parfaite, sans manquer de puissance et encore moins de corps. Même constat pour les cinq K X-Thin testées en 16’’ (918gr), 17’’ (1094gr), 18’’ (1270gr), 19’’ (1532gr) et 20’’ (1642gr), qui donnent toutes un très beau résultat dans des contextes pop/rock. Evidemment, la Sweet est un peu moins fine, mais pas du tout bridée et même très naturelle et superbe dans son explosion. Les X-Thin sont très proches, un peu plus légères (même par rapport aux Clusters) et dotées des mêmes types de cloches, très bombées, et brutes et lisses à la fois. Chaque diamètre est une réussite avec, y compris pour la 20’’, une fonction de Crash déterminée et bien puissante. On peut sans problème partir d’assez bas dans la nuance sans sentir une vibration retenue ou un métal bridé, mais c’est réellement en les frappant sans vergogne qu’elles délivrent tout leur potentiel. Même si elles sont classées fines, elles ont un sacré corps et on peut vraiment y aller.
Une Ride fine très martelée
Pour conclure ce banc d’essai, nous avons joué une magnifique Ride K Constantinople Renaissance 21’’. Une Ride très martelée, avec trois gros impacts similaires à la Bounce Ride et aux Crashs Cluster, qui s’est révélée très fine, douce, assez trashy, et grave à souhait, avec un très beau Crash sur la tranche et une cloche relativement large et plate, définie mais pas du tout agressive. Avec un poids de seulement 2032gr, ce type de 21’’ révèle un halo sonore assez complexe dans ses fréquences, et un wobble très visible sur les bords, y compris lors de petits coups donnés avec l’olive. Elle sera idéale pour du jazz ou de la pop à la Brian Blade.
On note bien sûr que pour chacun de ces protos, le poids est indiqué au niveau de la cloche, ce qui accentue encore un peu plus le caractère unique de ces galettes, en attendant que ces merveilles sortent de façon plus organisée, voire officiellement en série, sachant que la spécificité de ces protoypes est souvent de devancer une série qui sortira peut-être en suivant. En ce qui concerne la K Renaissance, c’est une cymbale presque « isolée », qui correspond déjà à une série, mais proposée ici avec une finesse très prononcée. Dans cette famille des K, même lorsqu’elle est développée au sein d’une série, chaque cymbale est de toute façon unique en son genre. C’est un peu ce qui a rendu Zildjian incontournable sur le marché actuel. Evidemment, avec les protos Soundlab, on a le sentiment de jouer des produits un peu plus exceptionnels encore. La bonne nouvelle, c’est qu’on en trouve désormais en France (principalement à La Baguetterie), et si ces cymbales sont de fait un tout petit peu plus onéreuses, elles possèdent un réel caractère et un nom spécifique indiqué au feutre sous la cloche. Celles-ci vous attendent, et la prochaine fournée n’est pas prévue pour tout de suite dans l’Hexagone ! Le cas échéant, nous serons là pour vous la présenter… De notre côté, on a hâte ! •
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• Des prototypes au goût unique • Deux Rides douces et corpulentes à la fois • Des Hats fins et charnus • La nervosité et le trashy des Clusters • Des Crashs super fines et super belles |
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• Prévoir un sac de cymbale assez grand pour la 23’’ ! |
Prix Indicatif TTC :
• K Cluster 16’’ (948gr) : 343 €
• K Cluster 17’’ (1094gr) : 378 €
• K Cluster 18’’ (1272gr) : 406 €
• K Cluster 19’’ (1552gr) : 437 €
• K Cluster 20’’ (1784gr) : 469 €
• Sweet Ride 21’’ (2552gr) : 515 €
• Sweet Ride 23’’ (3062gr) : 610 €
• Sweet Hats 15’’ (Top 1172gr) : 620 €
• Sweet Hats 16’’ (Top 1336g) : 663 €
• Ride K Constantinople Renaissance 21’’ (2032gr) : 663 €
• K X-Thin 16’’ (918gr) : 343 €
• K X-Thin 17’’ (1094gr) : 378 €
• K X-Thin 18’’ (1270gr) : 406 €
• K X-Thin 19’’ (1532gr) : 437 €
• K X-Thin 20’’ (1642gr) : 469 €
Distribution : www.laboitenoiredumusicien.com