RAYON LASER 307

benny-grebBenny Greb’s Moving Part
Live
Herzog Records
Produit et écrit par Benny Greb (à l’exception d’un titre) : pas de doute, c’est bien son projet musical phare, à côté de son activité de pédagogue avisé ! Ce qui frappe dès les premières mesures, c’est le son de la batterie. Nous avons déjà détaillé dans notre numéro 305 le kit très particulier de Benny, donc nous savons très bien comment ça fonctionne, mais il arrive vraiment à en tirer le meilleur. Des sons très mats, une grosse caisse au fond du ventre, des stacks de cymbale à foison : il y a là une identité très forte, qu’on pourra adorer ou détester. L’album commence par un groove très basique mais en béton, qui donne lieu quelques minutes plus tard à un solo qui claque. Comme ça, les choses sont claires. Moving Parts, en plus de Benny, ce sont les Anglais Chris Montague à la guitare et Kit Downes aux claviers, assurant également les lignes de basse, qui tirent tous deux de leurs instruments des sons très travaillés, tantôt rock tantôt électro, et tissent des ambiances assez frappadingues sur les grooves de Benny. Les compositions parcourent de nombreux univers, formant un ensemble rock-dub-électro-funky-bluesy parfois très mélodieux, parfois très noisy, jamais démonstratif et la plupart du temps aventureux. On ne s’ennuie pas une seconde en écoutant cet album, qui bénéficie, malgré l’enregistrement live, d’un super son.
Philippe Istria

santanaSantana IV
Live at The House of Blues – Las Vegas
Eagle Vision
Je n’y étais pas, mais l’arrivée du Santana Band dans le rock des années 1960 a dû provoquer un sacré choc. Ce mélange de musiques latines et africaines, de rock et de blues, parsemé de longues improvisations comme on en trouve dans le jazz, joué par des musiciens hyper compétents, avec comme fil rouge le son si particulier de Carlos Santana, était vraiment unique. Pour bien saisir la particularité de cette formation, et l’intérêt de ce “Santana IV”, il est conseillé de regarder le documentaire inclus dans le DVD avant le concert. Les musiciens y racontent comment ils ont monté le groupe, sous quelles influences, et affichent un réel plaisir à se retrouver sur scène après tant d’années. C’est le guitariste Neal Schon, célèbre leader de Journey, qui a été à l’origine de ces retrouvailles, moyen pour lui de rendre hommage au groupe qui lui a donné sa première chance de guitariste quand il n’avait que 17 ans ! On retrouve donc tous ces “anciens combattants” sur scène, pour la quasi intégralité de l’album des retrouvailles sorti cette année, complétée par des “vieilleries” qui envoient toujours autant. Et ce qui est le plus fort, c’est que les deux répertoires se mélangent sans aucun souci. Le Santana IV a retrouvé la magie du Santana III de 1971, et ça fait bien plaisir à voir. Certes, le batteur Michael Shrieve a perdu de sa fougue, aussi n’attendez pas un solo de la trempe de sa légendaire prestation au festival de Woodstock. Mais épaulé par les deux percussionnistes Mike Carabello (aux congas) et Karl Perrazzo (à tout le reste, et surtout aux timbales), il fournit une assise en béton armé au reste du groupe, et c’est le principal. Tout ça tourne au quart de poil, et l’ensemble constitue un très bon concert.
Philippe Istria

PrintMötley Crüe
The End
Eagle Rock Entertainment/Universal Music Group
Tommy Lee et ses acolytes ont décidé de mettre un terme à la carrière du Crüe et de terminer en beauté par une tournée mondiale justement nommée “The Final Tour”. Ce document immortalise l’ultime concert de cette tournée, qui a eu lieu le 31 décembre 2015 à Los Angeles, ville qui les a vus naître. Nous voici donc plongés dans une ambiance de folie, avec une set list aux allures d’usine à tubes (Girls, Girls, Girls, Wild Side, Live Wire, Shout At The Devil, Same Ol’ Situation…). Le clou du spectacle est  assuré par Tommy, dont la batterie est montée sur une montagne russe (le roller coaster) lui permettant de jouer au-dessus du public. Manque de chance, la machine est tombée en panne en plein milieu de son solo, laissant notre homme figé la tête en bas, d’où l’intervention express et acrobatique d’un technicien afin de permettre au malheureux de redescendre sur la terre ferme ! Un incident qui aurait pu gâcher la fête, voire remettre en question l’édition de ce DVD. Mais au final, le fair-play et le sens de l’humour du batteur font de ce petit tracas un moment très fun. Le show se termine dans une grande émotion, le chanteur Vince Neil ne pouvant retenir ses larmes sur Home Sweet Home.
D’un côté, on a du mal à imaginer que Tommy ait donné sa toute dernière prestation. Il n’a en effet rien perdu de son groove et de sa dextérité – un véritable paquet de nerfs ne demandant qu’à se défouler ! D’un autre côté, que peut-on faire face à une équipe qui ne s’entend plus et à un guitariste dont la maladie le fait de plus en plus souffrir ? Ce split est très tris- te, mais le groupe a fait sa sortie la tête haute et au top de sa forme.
Laurent Bendahan

sebastien-charlierSébastien Charlier
Precious Time 2.0
Alien Beats Records
Pour ce nouvel épisode, l’harmoniciste fou (qui joue tout sur un diatonique) s’est entouré d’une équipe à la hauteur de son jazz fusion bouillonnant : Nicolas Espinasse, guitare et co-compositeur inspiré, Dominique Di Piazza, bassiste virtuose (et aux sons surprenants ici), et Yoann Schmidt, batteur particulièrement déchaîné sur cet album. En invités : Philippe Sellam (sax), Rémi Toulon (Rhodes), Marie Dubos et Pierre Emberger (voix). Dix titres survoltés (dont un énorme clin d’œil à Spain), dans lesquels le phrasé du leader (inimaginable sur un harmonica) rappelle parfois le guitariste Allan Holdsworth, l’album se terminant même sur Peril Premonition (extrait de “Secrets“, du susnommé), avec reprise du chorus de guitare à l’harmonica. Un disque aussi inspiré qu’énergique et spectaculaire…
À visiter : www.sebcharlier.com
Thierry “Fantobasse” Menu

 

di-piazzaDominique Di Piazza
Living Hope
La Note Bleue Productions
Cette fois, c’est en leader et compositeur que le bassiste virtuose (entendu notamment aux côtés de Biréli Lagrène ou John McLaughlin) fait parler de lui, en compagnie de trois autres mutants, dont il a été déjà question dans ce magazine : Grégory Privat (piano), Stéphane Chausse (sax, clarinette, EWI) et Nicolas Viccaro (batterie). Onze titres de jazz électrique et mélodique, entre ballades et pièces acrobatiques, le tout donnant lieu à des improvisations de haut vol de la part des quatre compères. Très beau disque et très beau quartet, qu’on aimerait évidemment voir sur scène.
À visiter : www.dominiquedipiazza.com
Thierry “Fantobasse“ Menu

 

 

 

album-metallicaMetallica
Hardwired… to Self-Destruct
Blackened Recordings/Mercury Universal

Cela fait quelques années que nous attendons un vrai nouvel album de Metallica (“Death Magnetic” étant sorti en 2008). Cela vaut bien un petit “track by track”, afin de voir précisément de quoi il en retourne…
Hardwired (3:09)
Un thrash typique, saccadé à souhait, composé à la va-vite à la demande du management, prétextant qu’il manquait un single à l’album. Résultat des courses, de la fraîcheur, de la spontanéité, de l’énergie, avec en prime l’aura de Kill’Em All. Un mot d’ordre : « Tout à fond ». Harwired fera un malheur sur scène, c’est une certitude ! Ce titre annonce également la couleur en ce qui concerne la production de la batterie, avec ce son de caisse claire ultra précis, sans aucune nuance (en tout cas, si Lars s’est essayé aux ghost notes, tout a disparu en cours de route). À noter, une grosse caisse manifestant un très bon compromis entre rondeur et attaque.

Atlas, Rise! (6:28)
Un mid tempo pas trop complexe, sur le même rythme du début à la fin, dont l’intro et le couplet ne sont pas sans rappeler Disposable Heroes (“Master Of Puppets”, 1986).

Now That We’re Dead (6:59)
Un heavy bien plombé, dont l’intro au tom basse rappelle Enter Sandman. Très bon solo de guitare, appuyé par une rythmique tribale. Ce titre aurait très bien pu figurer sur le “Black Album”.

Moth into Flame (5:50)
Un riff de couplet de premier choix, une sorte de mid-tempo avec incursions de doubles croches façon cheval au galop, en alternance avec des passages speed. Refrain irrésistible ! (Du très grand Hetfield !)

Dream No More (6:55)
Une intro lancinante, quelque peu longuette, à tel point qu’on se demande quand le morceau va commencer. Le rythme est globalement poussif. On ressent ici l’influence de la scène stoner (comme The Sword, qui a longtemps assuré la première partie des Four Horsemen). Sauf que les groupes de stoner sont bien meilleurs dans le domaine « 70’s revival ». Définitivement pas le registre de prédilection de Metallica.

Halo on Fire (8:15)
L’intro est logée à la même enseigne que la précédente. Le groupe aurait pu s’en passer. Mais le reste se veut plus intéressant. Par cette alternance intelligente d’acoustique et d’électrique, nous tenons enfin un vrai titre nuancé !

Confusion (6:43)
Une entrée pachydermique genre boléro, rappelant immanquablement leur reprise de Diamond Head, Am I Evil ?. Une chanson intéressante par sa lourdeur, révélant la capacité à groover de Lars, même lorsque les coups sont très espacés.

ManUNkind (7:17)
Une autre influence stoner flagrante, avec pas mal de breaks et de placements étranges, pas toujours bienvenus (desservant la fluidité de l’ensemble, voire perturbant l’écoute).

Here Comes Revenge (6:30)
Oups, re-auto-plagiat. À quoi rime cette intro si proche de Lepper Messiah (“Master Of Puppets”) ? Un titre cependant intéressant pour sa progression rythmique, avec un début très heavy et une fin frénétique.

Am I Savage? (6:29)
Une chanson lourde, exagérément pesante, donc difficile à écouter. Black Sabbath savait rendre sa lourdeur captivante, voire hypnotique. Petit hic, Metallica n’est pas Black Sabbath…

Murder One (5:45)
Un hommage au grand Lemmy Kilmister (Murder One étant le nom donné à la tête d’ampli du leader de Motörhead). Rythmique basique façon « poum/tchac » avec crashes sur tous les temps, mais remarquablement bien drivée par Lars.

Spit Out the Bone (7:09)
Enfin un morceau qui dépote vraiment, aussi intense que Hardwired, mais avec les breaks alambiqués d’usage et autres rebondissements. Probablement LE morceau de bravoure de l’album, en tout cas d’un point de vue technique.

Cet opus est globalement mieux structuré que “Death Magnetic” (qui partait dans des méandres incroyables pour au final rendre l’écoute pénible). Un très bon point pour cette reprise en main. Un grand bravo également pour James Hetfield, qui signe assurément sa meilleure performance vocale depuis le “Black Album”. Cela dit, il semblerait que le groupe ait fait le tour de la question en termes d’innovations. Il fut un temps où l’on se demandait avant chaque sortie sur quel terrain Metallica allait nous amener. Aujourd’hui, nous n’avons affaire qu’à un melting pot des albums précédents. Il va falloir se faire une raison. Désormais, Lars & Co composent de très bons albums, mais sans effet de surprise.
Laurent Bendahan

bob-weir-blue-mountain crosby-lighthouseBob Weir
Blue Mountain
Columbia/Legacy
David Crosby
Lighthouse
Universal
A l’heure où l’Améri(kkk !) vient de plébisciter un président ubuesque qui nous laisse perplexe, il est réconfortant de savoir qu’il existe une autre facette chez ce peuple. Celle qui nous a fait rêver avec des idéaux que d’aucuns, même chez nous, voudraient voir éradiqués. Deux acteurs de la révolution culturelle des années utopiques viennent de produire un album, avec en commun une facture acoustique et un discours introspectif. Bob Weir, le guitariste rythmique du Grateful Dead, retourne aux sources de la country music authentique, une forme esthétique qui a forgé son caractère et qui se pare ici d’une production sombre (parfois trop ?), avec le concours d’une section rythmique minimaliste mais efficace. David Crosby a opté quant à lui pour la nudité d’une simple guitare acoustique. Sa voix restée éternellement jeune et ses savants open-tunings sont habillés avec élégance par le producteur Michael League, leader de Snarky Puppy. Weir et Croz sont de la même génération que Hilary Clinton, celle qui incarne désormais un « establishment » honni. Ces deux héros de la contre-culture n’ont jamais trahi leurs idéaux, eux. Leur musique nous fait aimer l’Amérique et demeure un antidote aux sentiments pour le moins mitigés que risque de nous inspirer ce pays pour les quatre années à venir.
Christophe Rossi

karim-baggiliKarim Baggili
Apollo You Sixteen
Take The Bus
Musicien d’origine jordanienne et yougoslave, naturalisé belge, ce multi instrumentiste (oud, guitare, basse) et accessoirement chanteur, s’y connaît en mélanges. Karim Baggili crée avec ses acolytes, dont le batteur Vivian Ladrière, un univers singulier, aux confins de la musique arabo-andalouse et du rock, voire de la pop. Une fusion réussie, avec virtuosité mais sans esbroufe. Le disque est constitué de 11 titres instrumentaux et d’une chanson interprétée dans l’esprit de Radiohead, ce qui n’est pas désagréable. Le groupe est solide, suscitant une belle interaction entre les musiciens, avec sur certaines plages la complicité d’invités, respectivement au violon et à la flûte kawala. Le genre d’album qui crée la (bonne) surprise et nous donne envie de découvrir le groupe sur scène.
Christophe Rossi

 

 

sate-redblackblueSate
RedBlack &Blue
Cristal Records / Harmonia Mundi)
Cette pétulante chanteuse canadienne en veut !  Une féroce féline qui s’inscrit dans la lignée des Betty Davis, Macy Gray ou autre Lisa Kekaula (Bellrays), voire Tina Turner. Elle refuse que sa peau noire la classe dans le registre des gueulardes du R’n’B. Son credo est le rock qui dépote, mis au service de textes militants. Démonstration avec cet album coup de poing. Sur scène, elle a de bonnes fréquentations (George Clinton, Corey Glover de Living Colour, les allumés de Fishbone ou de Bad Brains……). Née Saidah Baba Talibah, elle a été biberonnée au jazz et au blues (son père, feu Howard Berkley Matthews, était un vétéran de la scène de Toronto, tout comme sa mère, la chanteuse Salomey Bey). Elle s’est émancipée avec le rock et le punk, voire le heavy metal, et propose un mélange détonnant, non dénué de poésie et de sensibilité toute féminine. Ses trois animaux fétiches sont le rouge-gorge, la panthère noire et le morpho, ce joli papillon bleu, qui représentent les êtres les plus chers à son cœur : sa mère, sa fille et sa sœur. Un poète a dit, je crois, que la femme était l’avenir du rock…
Christophe Rossi

 

iggy-popIggy Pop
Post Pop Depression – Live At The Royal Albert Hall
Eagle Rock Entertainment / Universal Music
Ce concert filmé le 13 Mai 2016 au Royal Albert Hall de Londres est le témoin de la tournée “Post Pop Depression”, en partenariat avec Josh Homme (Queens Of The Stone Age). Ce soir, la star était accompagnée de ses boys, bien coiffés et habillés en costard rose façon sixties, avec en tête Mr Homme (à la guitare, aux chœurs et aux clopes) et le batteur Matt Helders (Arctic Monkeys). Armé de sa “quatre-fûts”, ce dernier n’est pas très démonstratif (préférant se concentrer sur le rythme), mais il a cette capacité d’immersion totale dans la musique (une sorte de transe) et insuffle le groove parfait pour chaque morceau, toujours avec une grande amplitude de gestes, pour un maximum d’expressivité. Iggy, fidèle à lui-même, arrivera sur scène en costard-torse nu, pour rapidement se débarrasser du blazer, afin de se livrer corps et âme à ses fans. Nudité, sincérité et énergie, telles sont les trois constantes de notre iguane préféré. Alors que de nombreux chanteurs de sa génération ont perdu leur voix, Iggy a gardé la sienne intacte ! Et quand certains nous servent un plat sentant le réchauffé, notre homme assume parfaitement ses dernières créations, avec l’interprétation de la quasi-totalité de “Post Pop”. Mais les nostalgiques n’ont pas été oubliés, notamment par ces deux hommages à Bowie que sont Sister Midnight et China Girl. Le public, quant à lui, a été conquis et l’alchimie avec l’artiste a été totale, à tel point que le téméraire n’a pas hésité à prendre un bain de foule, alors que les femmes lui sautaient dessus pour l’embrasser ! (C’est vraiment cool d’être un Iggy). À la question « Y a-t-il une différence entre aimer la musique de quelqu’un et aimer ce quelqu’un ? » la réponse est non. En tout cas, pas le 13 Mai 2016 au Royal Albert Hall !
Laurent Bendahan

 

marc-tambourindeguyMarc Tambourindéguy mt4
Pleine Lune
Autoproduction
On sait depuis longtemps que tout ne se passe pas à Paris, mais parfois il est bon de s’en souvenir. En l’occurrence et comme son nom l’indique, c’est du pays basque que nous vient ce pianiste-vocaliste-compositeur, à la tête de l’excellent quartet qu’il forme avec Pascal Ségala (guitares et voix), Jean-Luc Fabre (contrebasse) et Nicolas Filiatreau (batterie). Sur deux titres, un invité (de Marc, forcément !), lui aussi enfant du pays, l’incroyable Sylvain Luc. Neuf très beaux thèmes, dans lesquels le talent des musiciens est au service de la mélodie, des climats et du jeu collectif, avec au final un très bel album de jazz à découvrir, où la musicalité l’emporte sur la performance…
À visiter : le Facebook de Marc Tambourindéguy.
Thierry “Fantobasse“ Menu

dee-sniderDee Snider
We Are The Ones
e.a.r Music / Verycords
Le charismatique vocaliste n’a pas été très prolifique en solo (à peine un album de démos et un ensemble de reprises de Broadway), comme s’il se sentait enfermé dans le carcan du monstrueux Twisted Sister. À 61 ans et libéré de l’emprise des “sœurs tordues” (qui ont effectué leur tournée d’adieu cet été), il se décide enfin à délivrer la musique à laquelle il aspire vraiment. Les fans purs et durs risquent de déchanter, car cet opus n’est absolument pas du Twisted. En revanche, ceux qui apprécient le personnage et sa voix unique seront conquis. “We Are The Ones” s’inscrit plus dans un registre rock (avec quelques guitares heavy), sans trop de voix hurlées. La priorité de Dee est évidente, chanter de la manière la plus intelligible, de manière à être compris d’un maximum de gens. Il en profite au passage pour proposer une version piano/voix du hit We’re Not Gonna Take It, gommant l’aspect “chanson festive” au profit d’une ambiance plus profonde révélant le caractère foncièrement rebelle des paroles. La batterie est assurée par Mark Schulman, un requin de studio californien qui, en véritable caméléon, est aussi à l’aise dans les rythmiques plombées à base de crashes explosives (We Are The Ones) que dans les grooves les plus subtiles (Close To You). En bref, un excellent album, mais peut-être pas dans le style escompté.
Laurent Bendahan

neal-morse-bandThe Neal Morse Band
The Similitude Of A Dream
Radiant Records / Metal Blade
Neal Morse, figure incontournable de la scène prog’ rock, remet le couvert avec une foultitude d’invités, dont son vieux compagnon d’armes Mike Portnoy, dans le cadre d’un concept de cent minutes réparties sur deux CD. Au menu, une musique d’une extrême complexité, mais très facilement écoutable (la mélodie n’étant jamais délaissée), avec comme toujours l’aura des grands maîtres du genre (Yes, Genesis, Pink Floyd…). Après une écoute attentive, on réalise (et on ne peut qu’admirer) la richesse de cette œuvre. “The Similitude Of A Dream” est si monstrueux dans sa conception, qu’il représenterait pour le musicien lambda l’aboutissement de toute une vie. Neal et sa bande naviguent dans des sphères supérieures, les structures alambiquées étant leur pain quotidien. Nous pourrions en écrire des pages, mais nous nous arrêterons là ! C’était la chronique superficielle d’un album profond. A vous de creuser…
Laurent Bendahan

 

catfishCatfish
Dohyo
Musicast
Catfish est un duo rock-blues destroy composé d’Amandine Guinchard aux chant, percussions, basse et claviers, et de Damien Félix aux guitares, chant, harmonica, percussions et clavier. Leurs chansons, en anglais, avec une voix lead féminine dans le style de Janis Joplin (pour faire simple), possèdent un son très brut, dominé par des guitares rockabilly crades et une batterie très basique à caisse claire très très détendue. Les compos fonctionnent bien, avec une belle énergie sur ce second album, mais c’est sur scène que le duo prend toute sa dimension, car tous les instruments sont joués en direct ! Amandine, debout la plupart du temps, gère un tom basse, la caisse claire et quelques cymbales, et passe parfois à la basse. Damien s’occupe des guitares, de la grosse caisse, du charleston et autres percussions au pied. Les patterns sont très basiques, mais parfaitement adaptés aux titres. Une sorte de variation française sur le concept “White Stripes” plutôt surprenant et très intéressant. Un duo à suivre, et bien sûr à aller voir sur son site très complet : www.catfish-music.com
Philippe Istria

 

Co(n/mp)te à rebours
car-art-blakey-3Alan Goldsher
Hard Bop Academy
Hal Leonard
Une nouvelle biographie d’Art Blakey ou bien encore de ses Jazz Messengers ? Pas tout à fait ! Cet ouvrage  de 180 pages en anglais est un peu tout cela à la fois, puisqu’il donne la voix et la parole aux compères de feu de l’immense Art Blakey, eux qui contribuèrent également à bâtir la légende. Ils se racontent et par conséquent parlent du maître avec admiration, honneur et émotion… L’écrivain et bassiste Alan Goldsher a retranscrit les conversations et les échanges informels avec ces sidemen de luxe sous forme de 24 interviews. Ainsi, Horace Silver, Freddie Hubbard, Cedar Walton, Wynton Marsalis, Terence Blanchard – notamment, se livrent sous forme d’anecdotes, de fous rires, d’émotions, avec des points de vue pertinents sur l’art et l’existence. Chacun y va également de ses souvenirs de petites querelles à l’égard – et non à l’encontre – du boss ! De plus, ce livre n’est pas seulement destiné aux fans du grand Art ou aux batteurs, mais aux amoureux du jazz en général, car n’oublions pas les 36 années de règne de cette formidable et populaire – au sens premier du terme ! – “machine à swing”, désormais inscrite dans la mémoire collective d’une musique intemporelle.
Philippe Légaré

L’œil et la plume
loeil-et-la-plume-stick-figuresDavid Hicks
Stick Figures
Blueprint Instant
David Hicks, basé à Melbourne, est un pédagogue et percussionniste australien renommé. Via ce livre, il célèbre 7 grands batteurs natifs de son pays, stars des studios locaux. Certes, si Virgil Donati et dans une moindre mesure Grant Collins ont donné leurs lettres de noblesse à ce beau pays du bout du monde, la contrée des kangourous compte également, selon l’auteur, quelques belles baguettes sous-estimées. Il “répare” cette injustice donc, en leur rendant hommage au fil des 132 pages de cet ouvrage (au format A4 d’un papier recyclé), avec relevés et exercices à la clé, plus cd encarté reprenant les analyses conduites sur chacun des protagonistes (réparties sur 7 chapitres). En voici le casting : Stewart Speer, Darryn Farrugia, Andrew Gander, Mark Kennedy, Graham Morgan, Gordon Rytmeister et John Watson. Photos rares, interviews, détails sur leur matériel, discographie, conseils avisés de ces pros d’exception… En bref, un condensé du meilleur du studio australien, pour un voyage musical fort dépaysant !
Philippe Légaré

Écrit par