RAYON LASER 308

mountain-menMountain Men
Black Market Flowers
Echo Productions – PIAS
Les Mountain Men, c’est à l’origine un duo formé par le chanteur-guitariste Mathieu Guillou et l’harmoniciste Ian Giddey, qui ont sorti depuis 2009 cinq albums à la tonalité folk-blues, avec des paroles majoritairement en anglais. Pour ce sixième album, le duo a été rejoint par Denis Barthe, ex-batteur de Noir Désir qui assure le beat et la réalisation, Estelle Humeau (clavier de Eiffel), Jean-Paul Roy (ex-bassiste de Noir Désir, ici à la guitare), un violoniste et un bassiste. Le résultat est un album toujours folk-blues mais bien plus musclé, parfois parsemé de riffs de guitare rock (Still in The Race, Someone To Talk) ou de picking de guitare acoustique (One Way Left, Et Puis Le Son) ou électrique (Work Song). Alors qu’ils ont par le passé réussi quelques belles reprises de classiques (de Smells Like Teen Spirit à Georgia on My Mind, en passant par Brassens sur un album entier), le duo n’a que des compositions originales à nous offrir cette fois-ci. La solide voix de Mat, qui a bien écouté les bluesmen noirs américains, rappelle étrangement celle de Bernie Bonvoisin quand il chante en français sur Passe dans cette vallée et sa tournerie bien rock. Derrière toutes ces belles compositions, Denis Barthe assure des patterns simples et efficaces, bien au fond du temps, comme il sait si bien le faire. Le groupe a entamé début novembre une longue tournée de promotion de ce nouvel album, qui se prolonge pour l’instant jusqu’en mars. Toutes les infos sont bien entendu sur www.mountain-men.fr.
Philippe Istria

 

gnoGnô
Sick Princess
Apocalypse Gnô/Send The Wood Music/Season Of Mist
Gnô, avec l’excellent Peter Puke derrière les fûts, nous présente son quatrième album, « Sick Princess ». A noter un changement au poste de guitariste/chanteur, Djul Lacharme (guitariste d’Alpha Blondy) venant remplacer Christophe Godin (qui fait d’ailleurs une apparition sur le titre Gone with the Strings). On retrouve ici toutes les qualités du power trio, à savoir une puissance imparable, avec des riffs qui vous rentrent dans le crâne en moins de deux, le tout agrémenté de mélodies fortes bénéficiant de lignes de chant interprétées par les trois lascars. L’ami Peter Puke sert toujours aussi bien la musique du groupe, avec des parties de batterie épurées et puissantes, qui vous donnent une irrésistible envie de secouer la tête jusqu’à ce que cette dernière se décroche ! Parmi les moments forts de « Sick Princess », on peut noter Shine Like Heroes (un hommage aux groupes que chérissent Peter, Djul et Gaby), Indeep et son groove pachydermique (qui n’est pas sans rappeler les meilleurs moments de King’s X), ou encore Sick Princess, au refrain en forme de rouleau compresseur. Mais le groupe est également capable de varier les ambiances, comme sur Moron (avec Arno Strobl au chant), qui lorgne plus vers le Metal Fusion, ou bien encore Black Widow, qui possède une touche rappelant les meilleurs groupes de la sphère Nu Metal. A l’arrivée, un excellent quatrième album, qui ravira forcément les fans du groupe et qui donnera certainement envie aux amateurs de musique puissante et soignée de se pencher sur la discographie du groupe.
Gaël Féret

 

visuel-john-trapJohn Trap
some people drown
L’église de la petite folie
Musicien atypique chaussé de haut talent, multi-instrumentiste et touche-à-tout, John Trap (alias Thomas Lucas) mêle depuis longtemps instruments et machines, samples et vrais musiciens, proposant une pop music personnelle baignée d’influences diverses. En compagnie d’invités : ooTi, Arnaud Le Gouëfflec (qui signe un titre), Dani Neff et Annamaria Gergely (voix), Étienne Brunet (sax et arrangements sur un titre), Léo Brunet (Minimoog) et Régis Boulard (batterie), John Trap continue son chemin de bricoleur musical (au sens noble du terme), nous accueillant dans son monde qui évoque autant Eels que John Williams, parfois Magma et même Ange ici, notamment dans certains titres en français. Frais et créatif, une fois de plus…
Pour se procurer l’album : www.eglisedelapetitefolie.com
Thierry “Fantobasse“ Menu

 

 

 

visuel-mtlM&T@L
IK
Label Durance/Marcal Jazz/UVM Distribution
M&T@L (ça s’écrit comme ça ne se prononce pas) est un trio de jazz “barré“ qui, comme son nom l’indique, s’inspire du monde du metal. En l’occurrence, c’est ici Metallica qu’interprètent librement les trois compères (en un seul mot) : Laurent David (basse), Thomas Puybasset (sax) et Maxime Zampieri (batterie), musiciens chevronnés et polyvalents aux parcours respectifs déjà conséquents. Sept “tubes“ du légendaire groupe de heavy metal passés à la moulinette de l’improvisation et des rythmiques débridées, voire déchaînées, la créativité l’emportant sur le respect et la discipline, ce qui fait tout l’intérêt de la chose. Un power trio de “heavy jazz“ à découvrir sur scène, par exemple le 13 janvier 2017 au Triton (Les Lilas, 93).
À visiter : http://www.alter-nativ.fr/label/projects/metal-ik/
Thierry “Fantobasse“ Menu

 

 

 

trankTrank
Midlife Noises
Trankmusic
Dès Refugee, l’intro planante en mode mineur, le ton est donné : belles guitares, joli thème, boucles et programmations de qualité, portés par un superbe jeu de charleston tout en appogiatures et ras subtils, délivrés par l’excellent drummer Johann Evanno. C’est certain, nous tenons là une excellente formation made in France ! Trank est en effet un solide quartet à l’univers bien personnel et particulier, même si une comparaison élogieuse peut être esquisser avec Muse, tant le rock énervé et émotionnel de ces quatre frenchies se distingue par son écriture et son interprétation, tour à tour atmosphérique, rentre-dedans, mélancolique (cf. Take the Money & Run, Accidents, Illustrated Girl), avec la mélodie comme constante omniprésente, pour un E.P. 6 titres de très belle facture. D’ailleurs, petite frustration : les compositions – signées Julien Bourcq (guitares) et M.J. (vocaux et claviers) – filent trop vite dans l’espace-temps…  Une envie irrésistible d’appuyer sur play s’empare alors de nous : complètement TRANK !
Philippe Légaré

 

 

cd-andy-narellAndy Narell
Dis 1. 4.Raf
Listen 2
Cet album rend hommage à Raf Robetson, grand pianiste de jazz de l’ile de Trinidad, décédé le 3 décembre 2015, à l’âge de 63 ans. Andy Narell, musicien new-yorkais initié très jeune à l’art du « pan », est devenu le maître incontesté de ce fameux tambour de fer, forgé à partir d’un vulgaire bidon, devenu emblématique de la musique trinidadienne. L’album est double : un premier disque de jazz caraïbe constitué de compositions originales de Narell, interprétées par un quintet de haut vol. Le virtuose du pan s’est entouré de la pianiste cubaine Janysett McPherson, de son compatriote le percussionniste Inor Satolongo, du bassiste Thierry Fanfant (frère du batteur Jean-Philippe), et du fidèle batteur Gregory Louis. Sur le deuxième disque, l’ambiance est plus intimiste, en duo piano-pan, avec une relecture de standards et, comme point d’orgue, l’Hymne à l’Amour de notre môme Piaf. Andy Narell réside à Paris depuis des années. Son amour pour notre pays et pour son autre patrie de cœur, Trinidad, est exprimé ici avec la sensibilité d’un grand jazzman. La musique d’Andy est très sophistiquée, mais avec la légèreté des sonorités de son envoûtant tambour métallique, elle se pare d’une extrême sensualité.
Christophe Rossi

simon-bolzinger-tambor-y-cantoSimon Bolzinger
Tambor y Canto
L’Assos’Picante / Rue Stendhal
Le pianiste Simon Bolzinger a réuni quatre percussionnistes, chacun venant d’un pays différent d’Amérique Latine – Cuba, Brésil, Argentine, Pérou – continent riche en rythmes. L’instrumentarium est impressionnant, avec congas, bongos, cajons, atabaque, pandeiro, batterie hybride faite de bombos argentins, et une foule de petites percussions… il y a même un pneu bricolé en sorte de tambour des favelas ! Mais le propos n’est pas d’en mettre plein la vue et les oreilles. Les compositions sont pleines de subtilités, qui proposent un métissage entre ces diverses cultures (« indiana, negra, latina ! » chantent et slamment en chœur les musiciens voyageurs). Mélange qui a pour dénominateur commun l’Afrique, à la fois lointaine et si proche. Le jazz est également de la partie, par l’entremise du saxophoniste Olivier Temime, à la sonorité toujours aussi généreuse, et  du contrebassiste Rafael Paseiro. Le tambour et le chant, instruments originels, sont ici transcendés par les compositions et les orchestrations de cette Compagnie qu’il va falloir impérativement aller apprécier sur scène.
Christophe Rossi

 

 

visuel-louis-winsberg-jaleoLouis Winsberg Jaleo
For Paco
Label Bleu/L’autre distribution
Toujours au centre de beaux projets de haut niveau, le guitariste-compositeur Louis Winsberg confirme cette réputation avec le troisième album de Jaleo (son groupe de flamenco), dédié au grand Paco de Lucia, sur les traces duquel il marche dignement, ouvrant le flamenco à d’autres univers sans en dénaturer l’esprit. En compagnie de nombreux et excellents musiciens : Jean-Christophe Maillard, Cédric Baud, Alfio Origlio, José Montealegre, Jean-Luc Di Fraya, Jorge Pardo, El Piculabe, et pour les percussionnistes : Sabrina Romero (également chanteuse), Stéphane Édouard, Nantha Kumar, Miguel Sanchez, Leila Negrau, Vicente Abardonado, plus Antonio Abardonado, José King, David Paniagua, Pol Vaquero et Sergio Aranda aux palmas et jaleo. Les arrangements de cordes sont signés Arnould Massard ou Pierre Bertrand. Du world-flamenco-jazz ? Peut-être… Un album magnifique ? C’est sûr ! La grande classe…
À visiter : www.winsberg.com
Thierry “Fantobasse“ Menu

 

 

visuel-nai%cc%88ssam-jalalNaïssam Jalal & Rhythms of Resistance
Almot Wala Almazala
Les couleurs du son/L’autre distribution
Voici le deuxième album de Rhythms of Resistance, formation créée et dirigée par Naïssam Jalal (flûte, nay, voix, composition), talentueuse musicienne francilienne d’origine syrienne (pourquoi tant de “enne“ ?). Entourée de Mehdi Chaib (saxs, percussions), Karsten Hochapfel (guitare, violoncelle), Matyas Szandai (contrebasse), Arnaud Dolmen et Francesco Pastacaldi se partageant la batterie. Mélodies sophistiquées, climats élaborés, improvisations très expressives, un magnifique voyage en neuf titres dans l’univers très personnel de Naïssam. Jazz oriental ? World jazz ? Peu importe… De la bonne et belle musique, tout simplement… Au Studio de l’Ermitage (Paris) le 27/2/2017.
À visiter : www.naissamjalal.com
Thierry “Fantobasse“ Menu

 

 

C(on/mp)te à rebours

car-harry-brabecBarbara Brabec
The Drummer Drives !
Barbara Brabec Productions
Né en 1927 en Tchécoslovaquie, Harry J. Brabec était un percussionniste virtuose du tambour et de la caisse claire, qui occupa d’ailleurs en tant que titulaire le poste principal de l’orchestre symphonique de Chicago de 1956 à 1961, date à laquelle il est congédié – sans motif légitime – par un chef d’orchestre jaloux et hystérique. Dès lors, notre héros connaît une descente aux enfers (dépression, divorce, banqueroute financière), avant de rebondir en revenant à son premier instrument : la batterie. Il démarre alors une carrière frénétique de batteur freelance, qui le conduit à accompagner tous les plus brillants big bands de jazz de la périphérie de Chicago, sur la route et en studio, jusqu’à son décès en 2005. Sa veuve Barbara le célèbre à travers cet ouvrage poignant en langue anglaise de près de 300 pages, qui retrace la carrière de ce fabuleux musicien à l’humour ravageur, ainsi que la vie partagée avec celui qui fut son mari pendant 44 années. Ce livre est également une très belle carte postale de l’Amérique des années 1950, où les drive-in étaient alors symboles d’émancipation…
Philippe Légaré

 

 

 

 

L’œil et la plume

loeil-et-la-plume-drum-kitPaul Balmer
Drum-Kit Manual
Haynes
Ce manuel en langue anglaise de 200 pages vous permettra d’exploiter au mieux toutes les ressources de votre batterie (accessoires et cymbales compris), et même de devenir un amateur très éclairé en matière de Vintage (son marché impitoyable !), avec une étude de cas pointue portant sur le kit Radio King Slingerland de Gene Krupa. Ainsi l’accordage, la maintenance et l’entretien de votre kit n’auront plus de secret(s) pour vous, tant ce guide pratique regorge de conseils, de photographies, afin de vous rendre incollable sur l’(obscur) objet de vos désirs ! De l’achat à la première répét’, de l’assemblage à la première scène, du choix des peaux, cymbales, baguettes, balais, fagots au premier shuffle… vous deviendrez un expert, mieux un “docteur ès Batterie”, tant cet ouvrage fourmille d’informations toutes plus fondamentales les unes que les autres ! De plus, la barrière de la langue ne sera pas un obstacle, les illustrations en gros plan offrant une grande lisibilité. Un chapitre de “survie” est même consacré à l’outillage : perceuse, étau, tournevis, pince universelle, clé à vis, à tube, cutter, huile 3 en 1… en bref, l’atelier de Bob le bricoleur pour parer à n’importe quelle situation à la maison, sur scène, sur la route et/ou en studio ! Un livre exhaustif  en matière d’équipement, au sens très large (rien n’est oublié… hallucinant !!!), puisque les coquilles, les tirants, les vis, les rondelles, les ressorts, les sourdines, les pads, les tapis, les tilters… sont abordés avec la caution de Messieurs Steve Gadd et Chad Smith, que l’auteur, Paul Balmer, a conviés à cette check-list de luxe.
Philippe Légaré

 

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